Tully Etats-Unis 2018 – 96min.
Critique du film
Super Nanny à la rescousse!
Pour Charlize Theron, au bord de la dépression dans «Tully» après la naissance de son troisième enfant, la maternité n’est pas une sinécure. Mais sa rencontre avec la détonante Tully pourrait bien changer sa vie.
Peu après la naissance de son troisième enfant, Marlo (Charlize Theron) est au bord d'une dépression nerveuse. Son frère lui propose alors les services d’une nounou de nuit afin qu’elle puisse enfin se reposer et dormir. Marlo refusera, mais avec son fils qui requiert des soins particuliers, son bébé qui pleure inlassablement et la maison qu’il faut entretenir, elle finira par craquer. Mackenzie Davis interprète Tully, cette nounou débordante d’énergie qui en plus d’être de garde la nuit, régale la famille de savoureux cupcakes. Son mari Drew (Ron Livingston) est trop occupé par sa carrière et observe le manège de la maternité avec distance mais il peine à y croire, sa femme retrouve une énergie inattendue...
Jason Reitman (réalisateur) et Diablo Cody (scénario), à qui nous devions en 2008 l’excellent Juno, nous content une nouvelle histoire de maternité, non plus du point de vue d’une adolescente, mais celui d’une mère de quarante ans. «Tully» est réalisé avec un sens aigu de l’observation et une sincérité impitoyable, rare dans les productions hollywoodiennes. Le film s’enrobe aussi d’un humour noir et subtil. Jusqu’à la fin, la tragi-comédie trouvera de belles envolées sur la difficulté d’être parents, la délicate relation entre conjoints, l’éducation des enfants, le surmenage de la maternité et l’impossibilité de prendre du temps pour soi. «Tully» est indéniablement porté par la prestation de Charlize Theron et le charisme naturel de l’actrice donnera l’authenticité nécessaire à l’histoire. Aussi productrice, l’actrice sud africaine se sera donnée corps et âme sur ce film. «Tully» est une promesse d’évasion, et révèle tout l'extraordinaire de la maternité.
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Commentaires
“Baby blues”
Marlo n’en peut plus. Enceinte jusqu’au cou d’un troisième enfant, débordée et épuisée, elle est à deux doigts de se noyer. Son frère lui propose d’engager une nounou de nuit pour l’aider à reprendre pied.
Quand Tully sonne un soir à la porte, il y a de quoi se méfier de cette jeune fille directe et spontanée, au sourire si aisé. Marlo hésite devant cette bouée de sauvetage tombée du ciel. Pourtant, cette Mary Poppins un peu trash semble à 26 ans déjà tout savoir de la vie. Une dépression postnatale, un nourrisson qui pleure et un papa en retrait ? Elle les dompte avec douceur, comme par magie.
On retrouve sans déplaisir la plume insolente de Diablo Cody. La maman de Juno et de Young adult observe avec son acuité propre cette peur intrinsèque de laisser derrière soi celui ou celle qu’on a été. Elle s’interroge aussi sur cette société étrange qui encourage les naissances d’enfants que l’on confie à d’autre pour s’en sortir. Dommage qu’une pirouette finale trouble son propos, le rendant moins acide qu’espéré.
Quant à Charlize Theron, elle prouve une fois de plus l’étendue de son talent. Elle se déforme, réforme et reforme dans le rôle de Marlo, décrivant son corps veiné par trois accouchements comme « une carte en relief d’un pays en guerre ».
7/10… Voir plus
Dernière modification il y a 6 ans
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