Le Mal n'existe pas Japon 2023 – 106min.
Résumé
Hana (Ryô Nishikawa), une petite fille, vit avec son père dans la campagne japonaise. Leur quotidien est paisible, jusqu’à ce qu'une entreprise de Tokyo décide de réaliser des constructions à proximité de leur village pour un projet de «glamping». Les habitants craignent alors une grave atteinte à leur environnement qui bouleverserait l'harmonie qu’ils entretiennent avec la nature.
Date de sortie
Suisse All.: 11 avril 2024
Romandie: 17 avril 2024
Réalisation
Casting
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“Et au milieu coule une rivière”
Takumi vit sobrement avec sa fille Hana à l’orée d’une forêt. Mais la sérénité des lieux pourrait être remise en question par l’ébauche d’un camping glamour.
Au commencement était la musique. L’inspiration s’avère mutuelle entre le Japonais et la compositrice Eiko Ishibashi qui précédemment collaborèrent sur Drive my car. Se contenter d’évoquer la mise en images d’une mélopée lente serait réducteur, Hamaguchi n’hésitant aucunement à imposer des ruptures de ton pour laisser s’exprimer ses personnages et éviter l’émotion facilitée que susciterait cet air inquiet.
Takumi est l’homme des bois, plutôt mutique et connaisseur. De l’autre côté se tiennent les rats de Tokyo missionnés pour amadouer les consciences villageoises. L’opposition semble trop évidente. L’urbain contre la campagne, la civilisation confrontée au sauvage, le bruit opposé au silence, l’automobile écrasant la marche, les gratte-ciel remplaçant les troncs pour une question d’argent. Et au milieu coule une rivière, infranchissable. Car le débat porte sur la nappe phréatique mise en danger par la future fosse septique du campement chic. Pourtant les caractères se diluent, le réalisateur permettant aux représentants désinvestis du projet touristique de gagner en profondeur. Le temps d’un trajet en voiture, le couple associé concède la solitude, les doutes et rares espoirs de changement. L’on imagine même que couper une bûche, ramasser du wasabi sauvage ou savourer des nouilles udon cuites à l’eau de source révéleront en eux le plaisir des choses simples. Un rapprochement amusant et rassurant s’opère entre l’orange des villes et le bleu des forêts.
Mais l’allée des grands arbres filmés en contre-plongée lors du prologue semble aussi protectrice que menaçante. Au loin hurlent les fusils qui font saigner les ronces. Si le mal n’existe pas, laissant aux parties leurs raisons propres, un équilibre brisé par la compromission marque le début de la fin. L’air devient subitement grave et la fable funeste. Il était une fois la fillette oubliée qui n’a pas attendu. Dryade disparue, chevreuil blessé et nature vengeresse désavouent une humanité à bout de souffle.
(8/10)… Voir plus
Dernière modification il y a 6 mois
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