Kritik29. April 2021 Sven Papaux
Apple TV+: «The Mosquito Coast» - Horizons bouchés pour idéaliste égoïste
Apple TV+ propose une nouvelle adaptation du roman (1981) de Paul Theroux, après le film de 1986 de Peter Weir avec Harrison Ford. Place à Justin Theroux, brillant dans la peau d’un furieux et excentrique inventeur coursé par le gouvernement des États-Unis.
«The Mosquito Coast» est une virée poussiéreuse, une chasse à l’homme désertique où l’aventure se conjugue à une pléthore de choix scabreux. Allie (Justin Theroux) déracine sa famille pour fuir le gouvernement américain. Mais son égoïsme et son goût du risque le poussent à fréquenter les cartels mexicains et faire courir d’innombrables risques à sa femme et ses deux enfants. Une fuite sous haute tension d’un idéaliste trop égoïste pour penser au bien-être des siens.
7 épisodes pour revoir l’histoire d’Allie Fox, personnage tout droit sorti d’un roman écrit par Théroux. Neveu de l’auteur, Justin Theroux prend place dans une série bien différente du film. Bien que le personnage principal reste obsédé par la société consumériste et transpire le monstre d’individualisme, la trame présente une vision bien différente. D’abord une fuite épuisante pour des enfants, Dina (Logan Polish) et Charlie (Gabriel Bateman), qui n’ont jamais entendu parler d’une Xbox, enfermés dans l’ignorance du monde extérieur.
Justin Theroux prend place dans une série bien différente du film...
Allie et Margot - Melissa George dans une très bonne performance - ont préféré les protéger et les déscolariser. Surtout, les deux ados sont trimballés et exposés aux dangers permanents. D’un cartel meurtrier à un tueur impitoyable - excellemment interprété par Ian Hart -, en passant par des agents fédéraux, la course vers un idéalisme social n’est pas de tout repos. Mais pourquoi? Pourquoi Allie et Margot sont coursés et persévèrent dans la peau des taiseux? Bien entendu, pour l’intérêt du suspens, la série va maintenir cette question pour nous tenir en haleine.
Dans la peau du rêveur et de l’anti-conformiste, Justin Theroux brille et livre la marchandise avec talent. La série s’appuie sur ses personnages et son élan imprévisible, plutôt que son véritable propos - celui de l’œuvre original. Dans une veine semblable à «Ozark», la tension et la mise en scène sont des éléments clés qui permettent à «The Mosquito Coast» de s’élever et de maintenir une cadence d’excellente facture. Néanmoins, la profondeur du récit perd en qualité au détriment d'une (simple) course endiablée.
Une cadence d’excellente facture...
La refonte presque totale du film de 86 permet un angle différent du matériau de base, surtout pour isoler la folie égoïste d’un homme qui… déplore l’égoïsme de ses semblables. L’écriture de Neil Cross («Luther»), en jouant sur le rôle intraitable d’Allie, préfère basculer dans le drame familial en usant du thriller de survie aux horizons bouchés par la folie d’un individu englouti dans sa propre hypocrisie. Le genre d’énergumène qui ne se prive de rien, comme de dépouiller des cadavres perdus depuis des années dans le désert. Tout est contradiction.
Les épisodes s’enchaînent et «The Mosquito Coast» offre une jolie partition rythmée de moments tendus et sublimés grâce à une photographie parfaitement exécutée. Si vous réussissez à vous affranchir du matériel source, la série réussit à convaincre par son imprévisibilité et cette narration résolument portée vers le thriller plutôt qu’une grande diatribe du fantasme de l’autosuffisance et de la croissance perpétuelle.
4/5 ★
«The Mosquito Coast» est à découvrir dès le 30 avril sur Apple TV+.
La rédaction vous recommande aussi:
Sie müssen sich zuerst einloggen um Kommentare zu verfassen.
Login & Registrierung