Artikel21. Oktober 2024 Cineman Redaktion
Critique de «Culte» sur Prime Vidéo, série passionnante sur les coulisses de Loft Story
2001 marquait le lancement de Loft Story, première émission de télé-réalité sur M6, qui allait bouleverser à jamais le paysage audiovisuel français. Une série s’en fait l’écho en racontant les coulisses de cette success story qui a bercé toute une génération. Zoom sur «Culte», à découvrir depuis le 18 octobre sur Prime Vidéo.
(Un article de Emma Raposo)
Raphaël (César Domboy) et Philippe (Nicolas Briançon), deux associés d’une société de production parisienne, sont sur les dents : ils sont à deux doigts de conclure un deal avec M6 pour produire une nouvelle émission, Big Brother, un concept novateur qui cartonne partout en Europe. D’abord réticent, et après moult tractations, le patron de M6 (Philippe Lefebvre) se laisse convaincre par une version légèrement adaptée pour la France. Le compte à rebours est lancé et l’équipe de production, dirigée par une jeune chargée de projet opportuniste, Isabelle de Rochechouart (Anaïde Rozam), n’a que quelques semaines pour mettre sur pied le programme qui va créer le scandale et changer la face du paysage audiovisuel français.
La révolution revêt parfois des formes inattendues. Qui eût cru qu’une émission de télévision déchaînerait autant les passions? Face aux milieux bobos intellectuels, la masse, elle, plus de 40% de l’audience française tout de même, s’agglutinait devant son poste tous les jours pour suivre les aventures des lofteurs. 11 au total, 5 filles et 6 garçons filmés par des dizaines de caméras 24 heures sur 24, devenus des stars du jour au lendemain. L’éloge du vide, le néant dans son plus simple appareil, mais Loft Story donnait à voir une représentation de la société française d’alors incarnée par des profils soigneusement choisis: la bourgeoise coincée, la bimbo fleur bleue, l’intello, le beau gosse mauvais garçon, ou encore l’homo arabe. Autant de profils caricaturaux qui allaient marquer au fer rouge l’histoire de la télé grâce à une émission désormais culte.
Ce 26 avril 2001, la télé-réalité ou télé-poubelle, appelez-la comme vous voulez, faisait son entrée, laissant en lambeaux une télé en désuétude, personnifiée par des émissions comme le «Bigdil» ou «Exclusif». Le changement de paradigme était-il trop brutal? Si, pour l’illustrer, les créateurs Matthieu Rumani et Nicolas Slomka auraient pu montrer ce que l’on a déjà trop vu - Loana, Jean-Edouard, la piscine et les lunettes de soleil à l’intérieur -, ils ont choisi d’axer sur les coulisses du programme : coups bas, manipulations entre gros bonnets, mais aussi jeu de pouvoir, enjeux familiaux et sociaux, santé mentale, les mœurs et l’éthique guillotinées sur l’autel des chiffres d’audience. Au-delà du cliché et de son évidente vacuité, Loft Story a non seulement ouvert la porte d’une nouvelle ère, mais a également fracturé l’ordre établi, scindant une société dorénavant confrontée à sa propre hypocrisie.
Les 6 épisodes de «Culte» sont d’une efficacité redoutable, impeccablement ficelés et écrits avec un panache incontestable. La cadence ne faiblit à aucun moment. Ça déblatère et ça clashe, on en veut toujours plus de ces personnages tous aussi détestables qu’attachants qui se tirent la couverture, à commencer par Isabelle de Rochechouart, interprétée par l’excellente Anaïde Rozam et inspirée d’une certaine Alexia Laroche-Joubert, jadis productrice de Loft Story et productrice de «Culte». À ses côtés, une palette d’acteurs qui rendent la série encore plus attrayante, tels que Marie Colomb, dans la peau de Loana, Sami Outalbali, César Domboy, Nicolas Briançon, Philippe Lefebvre, ou encore Eric Naggar. Attention spoiler : addictif!
4,5/5★
Disponible dès maintenant en streaming sur Prime Video
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