Kritik15. Juni 2023

Critique de «Love life», un drame débordant d’humanité

Critique de «Love life», un drame débordant d’humanité
© Sister Distribution

Après son duo «Suis-moi je te fuis» et «Fuis-moi je te suis», le réalisateur japonais Kôji Fukada présente «Love Life», un drame inégal, mais poignant, porté par une magnifique distribution.

Mère d’un enfant de six ans, Taeko (Fumino Kimura) est depuis peu l’épouse de Jiro (Kento Nagayama). Ensemble, ils vivent dans un appartement appartenant aux parents du jeune homme, qui voient d’un mauvais œil cette union. À la suite d’un drame, Park, le père biologique de l’enfant, réapparait. Parti sans explication, il est maintenant sans domicile fixe. Pour ne pas sombrer, Taeko décide de l’aider, quitte à faire passer son couple au second plan.

Kôji Fukada est un habitué des festivals. Alors que son long-métrage «Harmonium» remportait en 2016 le Grand prix du jury de la catégorie Un Certain Regard, «Love Life», de son côté, est nommé pour le Lion d’or à la Mostra de Venise 2022. Car le talent du cinéaste et la poésie des images qu’il propose à l’écran ne sont plus à prouver. Et aidé du directeur de la photographie Hideo Yamamoto, il offre, encore une fois, une œuvre lumineuse et minutieusement construite. Jeux de distance, de déplacements, plans larges, plans rapprochés, la caméra multiplie les mouvements pour aider à laisser transparaître les sentiments des personnages, malgré leurs difficultés à les exprimer.

Critique de «Love life», un drame débordant d’humanité
© Sister Distribution

Car si ceux-ci échangent et discutent - parfois en criant d’un balcon à l’autre - les non-dits hantent chaque parole, chaque phrase. Avec brio, l’actrice Fumino Kimura casse la monotonie d’expression de son personnage grâce à une magnifique performance. Chacun de ses gestes, empreints d’émotion, illustre clairement ses tourments intérieurs et s’oppose au manque de communication omniprésent dans son couple. Une communication fluidifiée avec Park, son ex-mari coréen et malentendant, superbement interprété par Atom Sunada. Entre lui et Taeko, les échanges s’intensifient. L’utilisation du langage des signes coréens, que le public japonais avait déjà accueilli sur ses écrans avec le superbe «Drive my Car» de Ryûsuke Hamaguchi, brise l’uniformité vocale avec d’agréables instants d’intensité cinématographique.

Loin de n’être qu’une simple chronique familiale, le long-métrage se fait l’illustration des tourments de la société. La famille, la solitude, la religion, l’administration : autant de pressions extérieures qui impactent le cours de nos existences. Mais si la poésie de l’œuvre est évidente, son rythme pourra souvent perdre le public. Car les 120 minutes ne parviennent pas toujours à capter notre attention malgré des ressorts dramatiques appréciables. «Love Life» n’en reste pas moins un drame débordant d’humanité, illustration du savoir-faire japonais.

3,5/5 ★

Le 14 juin au cinéma

Plus d'informations sur «Love life»

Bande-annonce de «Love life»

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