Critique de la série «Les Indociles», (in)dépendances en terres jurassiennes

Série suisse en cinq épisodes dont 2 étaient présentés au GIFF, «Les Indociles» de Delphine Lehericey explore l’indépendance jurassienne au travers de quatre décennies d’histoire.

(Une critique de Kilian Junker depuis le GIFF 2023)

Lulu, Joe et Chiara sont amis, à la vie, à la mort, malgré les divergences notables de leurs extractions sociales. Dans un Jura des années 70 secoué par les désirs d’indépendance, ils vont évoluer au gré d’une société vrombissant des envies révolutionnaires et anarchistes de l’époque. Ainsi, le trio va se retrouver dans la Ferme des Indociles, recueillant en son sein toutes les strates marginales de cette société sur le point d’imploser. Mais si les idéaux hippies nourrissent les pulsions autonomistes, des drogues de plus en plus dures vont s’immiscer au sein de la communauté. Entre l’indépendance qu’on souhaite et la dépendance dans laquelle on s’enferme va se construire l’échafaudage de ces cinq épisodes, riches d’une histoire bien vivante.

Série particulièrement audacieuse sur quatre décennies (avec les changements de décors et de costumes qui vont de pair), «Les Indociles» se base sur la BD éponyme des Jurassiens Camille Rebetez et Pitch Comment. Présentée au GIFF dans un Théâtre Pitoëff rempli à ras-bord, le public a su être conquis par les saillies comiques et la touchante cohésion entre les personnages, contrecarrant les thématiques ô combien sérieuses de la série (l’indépendance évidemment, les envies révolutionnaires, l’impermanence et l’addiction).

Une narration éminemment locale donc, qui a d’ailleurs fait vibrer le canton du Jura durant les mois de tournage, mais dont les motifs et le retentissement ne peuvent être qu’universels. La preuve ? Non seulement la série est co-produite avec la Belgique, mais en plus des pourparlers sont en cours pour une vente à l’internationale… Comme quoi, l’élan des indépendantistes jurassiens pourra sans doute trouver un écho dans le cœur d’une jeunesse cosmopolite et actuelle, dont les besoins d’émancipation et les idéaux utopistes ne divergent pas beaucoup de ceux de l’époque.

Notons encore que la sortie de la série de fiction le 8 novembre sur RTS 1 sera accompagnée d’un débat Infrarouge, ainsi que du documentaire de Jacques Matthey titré « Addictions » déjà disponible en ligne. Une belle matière donc pour nourrir les discussions et les interrogations germant en cours de visionnage. Et un scoop déjà lâché avant la projection : des repérages sont d’ores et déjà en cours pour un nouveau projet de la sorte en terres jurassiennes. Affaire à suivre…

3,5/5 ★

Le 8 novembre sur RTS 1

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