Kritik7. September 2021 Emma Raposo
«Les Méchants» - Quand Mouloud Achour tacle le monde des médias
Le journaliste et animateur vedette de Canal+, Mouloud Achour coréalise un premier long-métrage, critique frontale et parodique du monde des médias et de la course au buzz. La caricature d’une société qui marche sur la tête.
Sébastien (Roman Frayssinet), un loser de banlieue, débarque dans un petit magasin de jeux vintage et essaie de refourguer une console de jeux vidéo à Patrick (Djimo), le gérant, histoire de se faire quelques biftons. Une chose en entraînant une autre, les deux hommes se retrouvent malgré eux dans une situation délicate. Un rappeur (Anthony Bajon) à peine sorti de taule du nom tout trouvé de Carcéral, une journaliste (Ludivine Sagnier) avide de gloire, et un évènement malencontreux monté en épingle par un cartel de trafiquants de clics, il n’en fallait pas plus pour que la machine médiatique s’emballe, désignant Patrick et Sébastien comme les ennemis publics numéro 1, victimes par la même occasion d’un système médiatique sans pitié.
Vous n’avez rien compris au résumé ? C’est normal. « Les Méchants », c’est l’histoire « wtf » par excellence, sans queue ni tête, et volontairement décalée. Assorti d’une bande-annonce conçue pour semer le trouble et ne rien dévoiler de l’intrigue trépidante, le film s’amuse à caricaturer et parodier à tout va. Et tout le monde en prend pour son grade. Mais rassurez-vous, rien de bien méchant. Des rappeurs-taulards adeptes de l’Auto-Tune, aux vendeurs dans les magasins bio vegan commercialisant des avocats cultivés par des unijambistes, en passant par des journalistes peu scrupuleux en quête du buzz de l’année, sans oublier l’écriture inclusive poussée au ridicule, le politiquement correct se râpe gentiment les genoux dans ce film au ton léger et déconneur.
Le politiquement correct se râpe gentiment les genoux...
Fourre-tout de thématiques brûlantes, patchwork de sujets tendances, « Les Méchants » force le trait à dessein. Un premier film coréalisé et coécrit par Mouloud Achour et Dominique Baumard, truffé de références telles que « Dragon Ball Z », « Les Chevaliers du Zodiak » ou « Réservoir Dog », et un peu brouillon parfois à force de trop vouloir en dire. Bibliothèque d’influences de la pop culture, « Les Méchants » évoque avant tout les médias et la course au buzz malsaine qui peut faire ou défaire une réputation en un claquement de doigts, vous faisant devenir le méchant tout désigné, ou quand les fake news sont légion pour augmenter les vues, les clics et les likes. Hasard du calendrier, c’est dans le sillage de « France » de Bruno Dumont, sorti quelques jours plus tôt et qui dépeint l’inlassable poursuite du scoop d’une journaliste, que « Les Méchants » déploie son arsenal comique pour dépeindre une certaine réalité journalistique.
Dans ce joyeux chaos qui emprunte aussi des tonalités aux classiques du genre « stoner movie », quelques blagues bien senties ici et là avant que, dans la deuxième partie, le rythme ne s’essouffle, laissant place à une fin un peu trop convenue. Malgré un casting bigarré composé notamment de Roman Frayssinet, Djimo, Samy Naceri, Mathieu Kassovitz, Alban Ivanov, ou encore Kyan Khojandi, « Les Méchants » peinera à réellement marquer les esprits. Le deuxième volet fera peut-être mieux, car les deux réalisateurs ont déjà fait savoir qu’une suite, intitulée « Les Gentilles » et qui fera la part belle aux femmes, est en préparation.
2,5/5 ★
Le 8 septembre au cinéma. Plus d'informations sur « Les Méchants ».
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