Prix du Meilleur Scénario à la Mostra de Venise, le premier film du réalisateur iranien Alireza Khatami est une fable surréaliste inattendue sur la mémoire, l’oubli et l’existence. Soporifique ou envoûtante, la frontière sera mince.
Quelque part dans un pays d’Amérique du Sud, un septuagénaire travaille dans un cimetière en proie à la fermeture. Un jour, il reçoit la visite musclée de miliciens venus se débarrasser des corps de civils tombés pendant une manifestation. À la morgue, il découvrira le cadavre d’une jeune femme plombée d’une balle à la gorge. Il demandera alors de l’aide à son fossoyeur et à une vieille dame, à la recherche de sa fille, pour lui offrir une sépulture décente. Et voilà que le vieil homme s’embarque dans une étrange odyssée.
A la morgue des indigents, dans cette contrée sud-américaine qui pourrait être chilienne; Les versets de l’oubli, première réalisation du cinéaste iranien Alireza Khatami, est une fable surréaliste teintée d’un réalisme magique autour de la mémoire et de la disparition. Juan Margallo (78 ans et sa première tête d’affiche au cinéma) incarne avec une magie silencieuse (peu, très peu de dialogue) cet employé aux souvenirs fébriles. Il se souvient de tous les détails de sa vie, sauf des noms, et son fossoyeur (Tomás del Estal) récite les histoires des vies qu’il enterre. Dès l’ouverture, le duo sera aussi absurde qu’adorable.
Soporifique ou envoûtant, le public choisira son vocabulaire ...
Vaporeuse, pastelle, lente et fantastique, la narration de Khatami pourra laisser dubitatif lorsqu’elle semble nous raconter un rêve. Le cinéaste joue avec la couleur, le format de l’écran (comme des diapositives), les silences, les abstractions et les références littéraires (Jorge Luis Borges notamment) pour composer un récit surréaliste, enchanteur. Nous comprendrons qu’il aura fallu l’appui d’une production franco-germano-néerlando-chilienne pour donner un élan international à ce projet qui démarrait en 2010.
Un songe composé de saynètes, une illusion (presque) versifiée; les 90 minutes s'enchaînent dans une succession de mini tableaux tragi-comiques, absurdes et fantastiques. Merveilleusement photographié (la baleine, les pluies et l’homme aux horloges), le film oscille entre le cinéma, la littérature et le théâtre avec une sincérité débordante. Soporifique ou envoûtant, le public choisira son vocabulaire car disons-le, l’absence de repère en laissera beaucoup sur le carreau. Très porté sur la suggestivité, Khatami propose néanmoins un récit plus universel qui n’y parait.
En Bref ! Le cinéaste iranien Alireza Khatami signe avec Les versets de l’oubli une fable fantastique. Dans ce décor de cimetière d’Amérique latine, avec ses milices véreuses qui terrorisent la population locale, cet employé des pompes funèbres (formidable sous les traits de Juan Margallo) sera notre guide pour un voyage inattendu dans les circonvolutions de la mémoire; loin, très loin du film social.
Note de la rédaction -> 3/5 ★
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