Kritik15. April 2021 Lino Cassinat
Netflix: «Arrête Papa, tu me fais honte!» - Le premier flop de Jamie Foxx?
En voilà un genre qui s’est fait très très discret depuis maintenant très longtemps: la sitcom épisodique avec rires enregistrés. Née dans les années 40, elle a connu ces trente dernières années ses heures de gloire stellaire («Friends», «Seinfeld»), ses déclinaisons cultes («Le Prince de Bel-Air», «The Cosby Show», «The Big Bang Theory») avant d’amorcer un virage plus moderne avec la semi-feuilletonnante «How I Met Your Mother», puis d’être balayée par le style mockumentaire popularisé par «The Office». «Arrête Papa, tu me fais honte!» surgit donc du placard «à l’ancienne» comme on dit, quitte à sentir très fort le renfermé.
Brian (Jamie Foxx) est propriétaire d’une marque de cosmétiques. Mais il est aussi divorcé, et décide de prendre du temps pour s’occuper de sa fille (Corinne Foxx), aidé par d’autres membres de sa famille - dont son vieux père excentrique. C’est une nouvelle vie de famille qui commence.
Inspirée par la vie de Jamie Foxx et notamment sa relation avec sa fille Corinne Foxx - d’ailleurs productrice de la série -, «Arrête Papa, tu me fais honte!» est donc un projet très personnel pour notre excellent acteur dont le talent n’est plus à prouver, et c’est donc avec beaucoup de souffrance que l’on est obligé de constater que le résultat n’est vraiment (vraiment) pas bon.
Le nom même de la série en devient dangereusement prophétique...
Ranimer un genre désuet est une chose, retrouver l’essence et l’efficacité de celui-ci en est une autre, et manifestement «Arrête Papa, tu me fais honte!» en est totalement incapable, au point que le nom même de la série en devient dangereusement prophétique. Difficile de déterminer d’où vient le problème exactement, d’un découpage parfois hasardeux ayant du mal à accompagner le rythme des gags ou de l’écriture des gags en eux-mêmes, mais «Arrête Papa, tu me fais honte!» n’est jamais, ô grand jamais, drôle, au contraire: c’est justement l’embarras qui prime.
Symptôme particulièrement significatif de la sitcom qui lutte: les rires enregistrés sont placés assez n’importe comment, même sur des lignes de dialogues qui ne sont pas des blagues, ou alors ne sont pas assez puissantes pour l’être. Plus qu’une ponctuation, ils deviennent un moyen forcé pour doper un humour particulièrement roupillant et peu inspiré («Où est ma sœur favorite ?» «Tu n’as qu’une seule sœur» Rires) dans ses meilleurs moments... et carrément gênant dans les pires.
Le jeu très approximatif de la plupart des membres du casting...
Il faut véritablement se forcer pour aller au bout de chaque épisode, tant chacun contient son moment suicidaire, comme ce concours de barbecue pour déterminer qui gardera les cendres d’un défunt (malaise), dégénérant en sabotages généralisés dans la plus pure tradition des sitcoms culminant avec... un assaisonnement de côtelettes avec les dites cendres du défunt pour disqualifier un concurrent (re-malaise). Ajoutez à cela le jeu très approximatif de la plupart des membres du casting (en particulier les plus jeunes), et vous obtenez facilement le premier flop de Jamie Foxx, une des pires tentatives de Netflix, et la preuve ultime que la sitcom est définitivement passée à autre chose. O tempora, o mores.
1/5 ★
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