Kritik16. Dezember 2020 Sven Papaux
Netflix: «Tiny Pretty Things» - L’obsession des corps et de la perfection
Le nom de Michael MacLennan est bombardé comme créateur de la série. Mais l’âme de ce teen drama est Sona Charaipotra, une romancière et journaliste spécialisée dans le divertissement, passée chez Teen Vogue, et surtout ex-rédactrice en chef pour «TeenPeople». C’est elle qui a pondu le livre dont est tiré la série «Tiny Pretty Things».
Tour piqué en dehors, sissone de côté, trois pas de bourrée, piqué de côté, ou encore le célèbre ronde jambe, nous voici dans le fascinant milieu du ballet. Plus précisément, dans une école réputée de Chicago, la Archer School, que découvre Neveah (Kylie Jefferson) avec ses yeux écarquillés. Ce même lieu où un peu plus tôt, Cassie s’est faite pousser du toit. Dorénavant dans un lit d’hôpital, dans le coma, l’histoire va se cristalliser autour de cet acte, sans pour autant oublier la compétition féroce de la danse classique.
Ces corps qui se contorsionnent et se brisent à force de travail. Les doigts de pieds ensanglantés et la douleur qui nous fait nous-mêmes, spectateurs, grimacer devant notre écran. La rançon de la gloire pour ces apprentis danseurs. La cathédrale des corps brisés, un ballet d’âmes chagrinées pour un drame adolescent mauvais par excellence.
Sans pour autant amener une vraie tension au récit, sans renverser les codes et s’employer à faire vivre l’écriture...
«Tiny Pretty Things» nous est narrée par la voix de Cassie, pour ouvrir les portes d’un sanctuaire des peines et des maux. Mais c’est surtout une véritable orgie, des parties de jambes en l’air à foison. Les chorégraphies se succèdent autant que le sexe, sans pour autant amener une vraie tension au récit, sans renverser les codes et s’employer à faire vivre l’écriture comme l’a fait «Euphoria», utilisant le sexe comme un langage et non comme un accessoire.
Une mécanique ronflante par ses choix scénaristiques maladroits, par son obsession des corps qui s’enchevêtrent, pour n’accoucher que d’une liste caricaturale des traumas adolescents. Tout est si superficiel, fichtrement raté dans sa composition onirique n’offrant jamais le vertige d’un rêve ou d’un cauchemar ; tout reste figé, classique, cliché. Les personnages en sont l’illustration: une gendarmette endeuillée après la mort de sa partenaire, une «méchante» danseuse appelée Betty, jouée par une agaçante Casimere Jollette, sous l’emprise de sa mère omniprésente et envahissante, un chorégraphe castrateur, ou encore Neveah, débarquée dans ce monde qui n’est pas le sien, avec ses névroses.
On est loin du combat de Portman dans «Black Swan»...
Un ensemble boursoufflé avec quelques phrases jetées en pâture – en voix off – pour combler le vide et recentrer la complexité du ballet. «Tiny Pretty Things» ressemble à s’y méprendre à un journal intime d’une ado rêvassant d’une vie de danseuse avec ses aléas et du mystère pour saupoudrer le tout. L’indigestion devient vive plus les épisodes s’empilent. Après les évasions nocturnes, il est souvent question de spectre: de Rudolf Noureev à celui de Cassie Shore (Anna Maiche), la victime, en passant par Delia Whitlaw (Tory Trowbridge), la sœur talentueuse et mesquine de Betty. Une série présentée comme un croisement entre l’œuvre de Darren Aronofsky et «Pretty Little Liars»; on est loin du combat de Natalie Portman dans «Black Swan».
1,5/5 ★
Disponible sur Netflix.
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