Kritik10. Juni 2022 Cineman Redaktion
«Operation Mincemeat - La Ruse» - Un plan inimaginable
Une histoire incroyable, mais vrai, si improbable qu’elle semblerait tout droit sortie d’un film. Avec «Operation Mincemeat - La Ruse» le réalisateur anglais John Madden («Indian Palacee» (2012)) s’attaque à genre particulier : le drame en temps de guerre. Un titre tiré d’une manœuvre des services secrets britanniques durant la Seconde Guerre Mondiale, pour un long métrage à l’aura hollywoodienne.
(Un article de Christopher Diekhaus, librement adapté de l’allemand par Eleo Billet)
En 1943, au cœur de la Seconde Guerre Mondiale, la Grande-Bretagne élabore les plans d’une des opérations les plus inouïes des services secrets, dans le but de tromper l’Axe sur leur projet de débarquement en Sicile. Afin de préserver les soldats alliés, qui se risqueraient sinon sur un terrain à découvert, le MI5 propose de faire croire à un débarquement en Grèce et en Sardaigne grâce à des informations fallacieuses cachées dans le cadavre du fictif Major William Martin.
Mais il n’est pas si simple de créer ce personnage imaginaire. Les agents Ewen Montagu (Colin Firth) et Charles Cholmondeley (Matthew Macfadyen) doivent le doter d’une biographie réaliste, puis le larguer à un point stratégique au large de l’Espagne afin que leurs ennemis le trouvent. Pour ce faire, l’approbation de Winston Churchill (Simon Russell Beale) est plus que nécessaire, tout comme la participation de la secrétaire Jean Leslie (Kelly Macdonald), qui fournit sa propre photo comme prétendue fiancée du Major.
Ici pas de cascades spectaculaires ou d’antagonistes caricaturaux.
Le long métrage n’est pas la première adaptation pour le grand écran de cette incroyable et passionnante mission. Ainsi, en 1956, sortait «L'Homme qui n'a jamais existé», film d’espionnage réalisé par Ronald Neame et basé sur le rapport d’Ewen Montagus, l’un des principaux participants de l’opération. La nouvelle version repose cette fois sur le travail de l'historien et journaliste Ben Macintyre qui dévoile les détails de la mission secrète. Plus sérieuse et proche des faits documentés «Operation Mincemeat - La Ruse» est une nouvelle variation bienvenue des films d’espionnage, à l’opposé d’autres aventures trépidantes et colorées, comme celles de James Bond.
Ici pas de cascades spectaculaires ou d’antagonistes caricaturaux, John Madden invite plutôt à une véritable leçon d’histoire avec une mise en scène stylisée dans une succession de scènes d’intérieur. Aidé de la scénariste Michelle Ashford (« Masters of Sex »), il insuffle à ce drame le suspense et le dynamisme nécessaires à une opération de cette envergure. D’autant que la route vers le succès n’est pas de tout repos. De surcroît, la narration de Ian Fleming (Johnny Flynn), créateur de Bond et participant à cet événement historique, brouille la frontière entre vérité et fiction et construit un niveau méta habilement manié par le film.
«Operation Mincemeat - La Ruse» est une nouvelle variation bienvenue des films d’espionnage.
Tandis que l’intrigue principale demeure remarquable de bout en bout, certaines intrigues secondaires, décousues ou superflues, affaiblissent le rythme du récit. Ainsi, le grossier triangle amoureux entre Montagu, Cholmondeley et Leslie, loin d’être confirmé dans les faits, ajoute un excès de dramatisation à un récit qui, à l’origine, n’en manque pourtant pas. Car la réalité de cette incroyable histoire est déjà bien suffisante et passionnante. Mais malgré quelques lourdeurs, le film reste convaincant, sans user de trop d’artifices.
3,5/5 ★
Depuis le 8 juin au cinéma
Plus d'informations sur «Operation Mincemeat - La Ruse».
Bande-annonce
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