Après son splendide «Portrait de la jeune fille en feu», Céline Sciamma s’attaque à l’enfance dans «Petite maman». Un film présenté à la dernière Berlinale, dépouillé et épousant les empreintes de l’enfance laissées par les parents.
La jeune Nelly (Joséphine Sanz) abandonne la maison de retraite où sa grand-mère s’est éteinte. Un adieu aux différents résidents, pour atterrir dans la maison de sa défunte grand-mère. Avec ses parents, Nelly restera plusieurs jours pour vider la maison d’enfance de sa mère. Un jour, sa maman s’absente et l’enfant va rencontrer une nouvelle amie: Marion (Gabrielle Sanz). Une fille du même âge qui lui paraît (très) familière.
Un lien si fort que même le surnaturel s’en mêle? Dans cette histoire qui se veut tendre et empreinte de justesse, Céline Sciamma sonde l’âme enfantine par le prisme du fantastique - ou plutôt à la lisière - pour gribouiller une relation magique entre Nelly, 8 ans, et Marion, sa mère, à ses 8 ans. En brassant consolation, tristesse, enfance et curiosité, le film fonctionne grâce à un dispositif clair: une photographie ultra sobre et une écriture presque figée, comme le temps d’une rencontre magique avec sa mère. Un instant suspendu, une bulle temporelle s’envolant et englobant cette rencontre symbolique.
«Céline Sciamma sonde l’âme enfantine par le prisme du fantastique...»
Avec cette nouvelle œuvre dépouillée, un cran en dessous de sa précédente, Sciamma ne convoque pas les affres sentimentales aperçues dans «Portrait de la jeune fille en feu». Un métrage moins emballant et nettement moins bouleversant. Cette fois-ci, à travers ce cadeau du temps, le problème réside dans le casting: Nelly pêche par le fameux défaut d’une enfant actrice: sa propension à réciter son texte sans le vivre pleinement. Les échanges entre Joséphine Sanz et Gabrielle Sanz n’embrassent pas la force du scénario. Les dialogues sont un long récital sans âme, brisant le facteur émotionnel du film. «Petite maman» est une connexion spéciale, un lien profond à propos de l’enfance et de la tristesse, où la curiosité d'une petite fille se confronte à la découverte des peurs de ses géniteurs. Alors que de l’autre côté une mère tente de fuir un chagrin.
Le métrage, à la durée de 72 minutes et fait de contemplations parfois ennuyeuses, démontre une réelle puissance narrative, mais l’obstacle qu’est le jeu de Gabrielle et Joséphine Sanz n’offre pas le vertige souhaité. Sans quoi, «Petite maman» sentait bon la grâce. L’histoire possède néanmoins cette veine originale et révèle une observation intelligente de l’enfance. Sciamma, sans exceller, s’enfonce dans la forêt des songes pour convoquer une vérité irréaliste satisfaisante.
3/5 ★
«Petite maman» est à découvrir dès le 2 juin au cinéma.
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