Artikel31. August 2017

TOP 5 - Le cinéma à la campagne

TOP 5 - Le cinéma à la campagne

Loin des bocages idylliques et des lavandes provençales, le film "Petit Paysan" d’Hubert Charuel nous embarque cette semaine à la campagne, dans la tourmente d’une vie d’éleveur de vaches laitières. L’occasion était donc toute trouvée pour Cinéman de remuer les archives et d’en ramener quelques souvenirs cinéphiles champêtres.

Il y a “Un dimanche à la campagne” de Bertrand Tavernier, “Les moissons du ciel” de Terrence Malick, “Le vieux fusil” d’un Robert Enrico, ou encore la série “Profils Paysans” réalisée par Raymond Depardon. Traversant les âges et les pâturages, le cinéma bat la campagne et nous donne des envies de classement. Voici donc notre TOP 5, subjectif, des films se déroulant dans nos contrées chéries.

5 - Scènes de chasse en Bavière (Peter Fleischmann)

En 1969, l’Allemagne de l’Ouest découvre Scènes de chasse en Bavière. L’adaptation de Peter Fleischmann de la pièce éponyme de Martin Sperr, qui y tiendra d’ailleurs le rôle principal. Fidèle à la tradition du Nouveau cinéma allemand, le réalisateur travaille une critique sociale dans une communauté de Basse-Bavière. 25 ans après la chute du nazisme en Allemagne, Fleischmann propose une réflexion sur l’homophobie, le fascisme, la cruauté humaine et l’enfermement. A découvrir absolument !

4 - Partie de campagne (Jean Renoir)

UNE PARTIE DE CAMPAGNE – Jean Renoir (1946) – Georges Darnoux, Jacques Brunius, Sylvia Bataille et Jane Marken

Dans un genre éminemment plus bucolique et dans le décor des peintres impressionnistes français, Jean Renoir tournait à l’été 1936 Partie de campagne sur les bords du Loing. Le réalisateur s’en amusait lui-même “Si on veut arriver à une renaissance des Arts et des Lettres, le gouvernement devrait encourager le plagiat”. Alors il brodera à l’intérieur des contours laissés par la nouvelle éponyme de Maupassant. Une campagne en noir et blanc aux allures de “Déjeuner sur l'herbe”; une collaboration avec Jacques Becker, Cartier-Bresson et Visconti. Puis il y a Sylvia Bataille, angélique sur une balançoire:

3 - Hot Fuzz (Edgar Wright)

Virgule plus légère ! Troquons à présent les berges de la Seine pour les cottages anglais. En 2007 le réalisateur Edgar Wright (“Baby Driver”) met en scène le duo Simon Pegg et Nick Frost (“Shaun of the Dead”, “Le Dernier Pub avant la fin du monde”) pour une variation génialement débile autour de “Point Break” et de “Bad Boys”. Caricatural, parodique, en dilettante et parfaitement jubilatoire, cette réinterprétation du duo de flics en milieu rural se déguste comme du petit lait en culotte de velours. A l’image de l’une des scènes finales, déjantée à souhait !

2 - Les Chiens de paille (Sam Peckinpah)

Dustin Hoffman

Mais les campagnes sont aussi le décor de farces malsaines, sombres et sanglantes. Censuré et classé X à sa sortie aux Royaume-Uni en 1971, Les Chiens de paille de Sam Peckinpah (La Horde sauvage) offre à Susan George et Dustin Hoffman deux rôles d’une gravité inouïe. Ils interprètent ce couple installé dans la campagne anglaise et confronté à la virulence d’un groupe de locaux. Puis viendra ce viol, inavoué et déclencheur d’une bestialité maladive. Peckinpah dresse un portrait outrageusement abjecte de l’être humain. Les Chiens de paille sortira la même année qu’Orange mécanique de Kubrick et s’inscrit dans la lignée des films représentatifs de “l'ultra-violence” du cinéma américain des années 70.

1 - Jean de Florette (Claude Berri)

Enfin, il eut été délicat de conclure un tel classement sans rappeler le chef d’oeuvre de Claude Berri avec Yves Montand, Gérard Depardieu et Daniel Auteuil. Un village de Provence, l’entre-deux-guerres, la garrigue et la littérature de Pagnol. Ugolin rêve naïvement de cultiver des oeillets tandis que son oncle et mentor dit “Le Papet”, est prêt aux pires atrocités morales pour un lopin de terre fertile. Et la béchamel s’emballe avec l’arrivée d’un percepteur de la ville, un bossu aux ambitions incompatibles avec les plantations des deux comparses. Claude Berri, virtuose des sentiments humains, dresse une fresque tragique et poignante sur l’existence. Musique signée Jean-Claude Petit et inspirée par Giuseppe Verdi. En 1987, César du meilleur acteur pour Daniel Auteuil. Puis il y a Gerard Depardieu, agenouillé, implorant le ciel de faire tomber la pluie. Grinçant et bouleversant!

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