Loin des yeux Suisse 2014 – 76min.
Critique du film
Loin des yeux
Canton de Vaud, Suisse. Derrière les murs de la prison de la Tuilière, une trentaine de femmes cohabitent dans le secteur des condamnées. Privées de liberté pour vol, escroquerie, prostitution, trafic de drogue ou homicide, plus de la moitié d’entre elles ont un ou plusieurs enfants qui grandissent loin d’elles, chez une sœur, dans une famille d’accueil, ou plus loin encore, dans leur pays d’origine. Parmi elles, Kashka, Karima, Mirsada et Fatiha, emprisonnées pour quelques mois ou plusieurs années, tentent malgré la séparation de rester les mères de leurs enfants.
Une année passée aux côtés de cinq femmes incarcérées a permis à la réalisatrice Britta Rindelaub d’ouvrir les portes du quotidien d’une prison pour scruter ses habitantes. Pas de grands discours ni sordide révélation sur le milieu et ses rouages, mais une caméra attentive et une ambiance sonore délicate, dévouées à ces femmes ordinaires enfermées dans une existence extraordinaire. La mise en scène, pudique, s’immisce naturellement dans leur routine, entre larmes retenues, confessions désarmantes et éclats de rire occasionnels. Car le cauchemar n’est pas tant l’établissement ou le personnel, présentés comme relativement agréables, que dans la tête de ces femmes – leurs angoisses, leur résistance, leurs déceptions, leur incompréhension. L’enfer est dehors, là où la vrai vie a continué sans elles, et dans laquelle leur place n’est plus totalement naturelle. Lorsque l’une d’elle avoue, à la fin, ne pas regretter ces 30 mois en prison qui l’ont métamorphosée, Loin des yeux prouve la justesse et la valeur de son regard.
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