Phoenix Allemagne, Pologne 2014 – 98min.

Critique du film

Phoenix

Critique du film: Geoffrey Crété

Juin 1945. Grièvement défigurée à Auschwitz, Nelly Lenz, une ancienne chanteuse et seule survivante de sa famille, retourne dans un Berlin sous les décombres. Auprès de son amie Lene, employée de l’Agence juive, elle tente ainsi de se reconstruire, après avoir retrouvé un visage proche du sien grâce à une lourde opération de chirurgie. Mais Nelly ne souhaite qu’une chose : retrouver Johnny, son mari. Malgré les mises en garde de Lene, elle le retrouve dans un cabaret du nom de Phoenix. Persuadé que sa femme est morte, il ne la reconnaît pas. Mais parce qu’il perçoit une étrange ressemblance, Johnny lui propose d’usurper l’identité de son épouse afin de toucher l’héritage. Nelly accepte ce pacte pervers…

Toute la force de Phoenix passe par le regard de sa fascinante comédienne Nina Hoss, et pour cause : le film marque sa cinquième collaboration avec Christian Petzold, l’un des réalisateurs les plus actifs de la Nouvelle vague allemande, récompensé d’un Ours d'argent du meilleur réalisateur en 2012 à pour Barbara. C’est elle qui incarne, avec un curieux mélange de fragilité et de beauté, de froideur et de sensualité, la violence sourde de cette histoire tordue, adaptée du roman "Le Retour des cendres" d’Hubert Monteilhet – qui se déroulait en France et prenait une direction nettement plus tragique. C’est aussi elle qui permet au film, qui souffre d’une certaine mollesse dramatique, de rester digne et captivant malgré ses baisses de régime, et maintenir le cap jusqu’à ses derniers beaux instants.

05.06.2024

3

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Commentaires

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CineFiliK

il y a 9 ans

De prime abord, cette histoire insensée de rescapée défigurée des camps en quête d’un époux perdu peine à convaincre, d’autant que très, voire trop elliptique, elle laisse en suspens davantage de questions que de réponses. Au fur et à mesure cependant, l’engrenage hitchcockien dans lequel s’engouffrent les personnages entraîne une tension ne pouvant susciter l’indifférence. Au-delà du drame individuel, lu telle une métaphore de l’Allemagne atterrée au sortir de la guerre – faut-il recouvrer son visage d’antan ou oublier le passé pour mieux se reconstruire ? – le récit gagne également en intérêt.
4.5/6
https://cinefilik.wordpress.com/2015/03/22/phoenix-de-christian-petzold/Voir plus


seemleo1

il y a 9 ans

Lorsque l'on découvre le pitch de l'histoire au bout de trente minutes de projection, on se dit que le réalisateur a trainé trop longtemps dans les kiosque à lire des BD de séries Z d'antan. Bon, on apprend au générique final que l'histoire est inspirée d'un roman français du début des années 60 : "Le retour des cendres". Voilà une femme qui va jouer avec son mari après une opération chirurgicale et qui va interpréter son propre rôle. On pouvait s'attendre rapidement à la farce grossière. Heureusement Christian Petzold n'est pas n'importe qui, il a notamment réalisé le très touchant "Barbara" empreint de toute la finesse feutrée de l'âme germanique. Ici, l'intrigue tirée par les moustaches, n'est que le prétexte à un chassé/croisé de deux êtres qui se redécouvrent et se pardonnent. La réalisation, délicate et mesurée, les acteurs biens choisis et la mise en scène discrète mais efficace confèrent à l'oeuvre une aura de qualité. Le final est une redondance de la conclusion de Barbara, en moins abouti. A voir...Voir plus


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