The Rover Australie, Etats-Unis 2014 – 102min.

Critique du film

The Rover

Critique du film: Geoffrey Crété

Australie, dix ans après l’effondrement mondial. Au volant de sa voiture, Eric erre, seul face à un paysage dévasté où l’ordre et la loi ne règnent plus. Lorsqu’une bande de malfrats, pour échapper à un braquage, lui vole son véhicule, il se lance à leur poursuite, mené par une force silencieuse. Il rencontre alors Rey, le frère de l’un des gangsters, laissé pour mort par les siens, qu’il embarque dans sa quête effrénée…

En 2010, l’Australien David Michôd a retourné les esprits avec Animal Kingdom, un premier film d’une brutalité saisissante, lancé sur la rampe du succès grâce à la nomination aux Oscars de Jacki Weaver. Ayant refusé de céder aux sirènes hollywoodiennes, le réalisateur s’enfonce dans les territoires âpres du cinéma indépendant avec The Rover, odyssée sanglante et sans concessions, qui s’écarte du cinéma grand public jusqu’à l’asphyxie.Le cadre désertique, entre le Mad Max minimaliste et le western verbeux, offre un décor fabuleux à cette fable post-apocalyptique, gonflée à bloc par la performance nerveuse de Guy Pearce. Face à lui, Robert Pattinson, méconnaissable, prouve toute sa valeur grâce à un nouveau choix de carrière audacieux, dans la mouvance de ses prestations chez David Cronenberg.Armé d’une caméra féroce et d’un sens du cadre certain, tous deux au service d’une ambiance fantastique plus que d’un scénario mémorable, David Michôd confirme son statut d’auteur à suivre. The Rover frappe sans sourciller, sans hésiter, sans trembler, et tombe sur la tête du spectateur dans toute sa lourdeur et sa beauté, illustré par la superbe musique d’Antony Partos. Mais le film a les défauts de ses qualités. Il rappelle en ce sens Only God Forgives, deuxième collaboration de Nicolas Winding Refn et Ryan Gosling après le phénomène Drive, dans son cri désespéré et cruel contre un système auquel un metteur en scène devenu star refuse d’adhérer. Dans les deux cas, la tentative ne manque ni d’audace, ni d’idées, mais d’un sens de la mesure.

11.09.2014

3

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