Sébastien Nicolas (Mathieu Kassovitz), 42 ans, est agent immobilier. Il mène une vie solitaire, retranché dans les sous-sols de son pavillon où, au lieu de rêver à une vie meilleure, il préfère copier celle des autres. Au gré de ses rencontres, tel un travesti, il va se métamorphoser en un personnage choisi, et vivre la vie de cet illustre inconnu pour donner un sens à la sienne. Mais l’une de ses rencontres va l’amener à franchir une étape supplémentaire, usurpant la vie d’un homme qui n’était plus que l’ombre de lui même, pour lui redonner vie.

Galerie de photos

«Si je n’ai pas existé, il a bien fallu que je vive» dit Sébastien Nicolas avant de se donner la mort dans les premières minutes du film. Puis, le réalisateur Matthieu Delaporte revient en arrière pour nous expliquer le quotidien singulier de cet homme qui a toujours rêvé d’être quelqu’un d’autre, mais qui n’a jamais eu d’imaginaire. C’est pourquoi, il observe «ses proies» tel un tueur en série, méticuleux dans chacun de ses gestes, pour enfin devenir cet autre le temps d’une journée ou plus. Il n’est pas motivé par l’usurpation d’identité ou l’argent. Il se sent tout simplement vivant quand il n’est plus lui.

Mais tout bascule quand Sébastien Nicolas fait la rencontre de Henri de Montalte, célèbre musicien qui – suite à un accident de voiture – ne peut plus jouer de son art. Le violon, instrument qui donnait vie à son être, l’en a aussi privé dès lors qu’il ne pouvait plus en jouer. Sébastien Nicolas décide de devenir Henri de Montalte et y trouve un plaisir alors inégalé. D’ailleurs, de Montalte, fin observateur, lui dira en confidence qu’il lit à travers les gens, mais que chez Sébastien Nicolas, il ne voit rien, et d’ajouter «Vous êtes comme un chat, on vous oublie, puis on vous croise ».

Loin de la relative légèreté du film Le prénom, Alexandre de la Patellière et Matthieu Delaporte ont réalisé un petit bijou cinématographique qui n’aurait pas pu voir le jour sans l’incroyable présence de Mathieu Kassovitz dans ce rôle de caméléon qui vous donne froid dans le dos. Par ailleurs, vous ne le remarquerez peut-être pas dans le film, mais Kassovitz interprète les deux rôles. Le twist de la seconde partie du film laisse apparaître une nouvelle facette du personnage, et malgré la gravité du sujet, ce thriller maîtrisé à la perfection est ponctué de notes d’humour.