Lee Miller Royaume-Uni, Etats-Unis 2023 – 117min.

Critique du film

Capturer l'histoire à n'importe quel prix.

Maria Engler
Critique du film: Maria Engler

«Lee» est l'impressionnant portrait de la photographe Lee Miller. Pendant la Seconde Guerre mondiale, cette dernière a capturé sur son appareil photo les atrocités du conflit. Productrice et actrice principale, Kate Winslet a dû se battre pour voir ce film être réalisé. Mais le jeu en valait la chandelle!

Lee Miller (Kate Winslet), modèle et photographe, donne une rare interview. À travers des photos et des objets, elle retrace les souvenirs d'une vie bien mouvementée. Ainsi, au crépuscule de la Seconde Guerre mondiale, elle est l'une des premières journalistes à entrer dans les camps de concentration allemands après leur libération, et ses photographies ont bouleversé le monde.

Dès 2015, l’actrice et productrice Kate Winslet a caressé l’idée de développer une biographie sur la célèbre photographe, inspirée du livre «The Lives of Lee Miller» d’Antony Penrose, le fils de cette dernière. Malgré les nombreux obstacles, le combat permanent pour financer le tout, et même une blessure au dos, la comédienne britannique a persévéré pour faire avancer ce véritable projet de cœur.

Pour la réalisation, elle a fait appel à Ellen Kuras. Habituellement directrice de la photographie – elle avait collaboré avec Kate Winslet en 2003 sur «Eternal Sunshine of the Spotless Mind» – cette dernière signe ici son tout premier long métrage derrière la caméra. Dans sa structure, «Lee» reste assez conventionnel. En utilisant une interview comme toile de fond, le récit des événements se déroule chronologiquement. Une simplicité qui laisse alors une place méritée à sa protagoniste.

Fasciné, le public observe l’émancipation de Lee Miller. Peu après la fin de sa carrière de mannequin, elle se fait rapidement un nom comme artiste indépendante, mais se heurte constamment aux stéréotypes du genre. Ainsi, alors que ses collègues masculins assistent aux réunions militaires, elle s’en voit refuser l’accès. Une illustration du traitement des femmes, également sujet central de l’œuvre, qui soulève une indignation palpable.

Outre son contenu féministe captivant, «Lee» est avant tout un portrait passionnant d'une artiste incroyable, habilement mis en parallèle avec le récit des heures les plus sombres de l'histoire européenne. Un équilibre délicat, mais parfaitement réussi. Et, toujours proche de sa protagoniste, le film observe le monde à travers ses yeux. Un projet fabuleux, à voir absolument.

(ZFF 2024, adapté de l'allemand)

10.10.2024

4.5

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Commentaires

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CineFiliK

il y a 29 jours

“Life”

Lee Miller est interviewée à la fin de sa vie sur sa carrière. Reporter pour la revue Vogue, elle fut l’une des premières femmes à être envoyée au front lors de la Seconde Guerre mondiale.

« J’ai toujours préféré prendre des photos plutôt que d’en être une », clame celle qui fut muse et mannequin à ses débuts. Aujourd’hui, elle se souvient de la période explosive qui marqua à jamais son âme. Le terrain, les bombes, ainsi que la découverte traumatisante des camps et de l’Holocauste. Courageuse, audacieuse, masculinisée, Lee enfonce les portes qu’on ferme le plus souvent devant les femmes, se rapproche des victimes en étant capable de mieux les comprendre. Provocation ultime, elle impose ce cliché où elle s’immerge nue dans la baignoire d’Hitler, ses bottes boueuses sur le tapis immaculé.

D’un académisme sans idées, ce premier film instructif mais souvent maladroit a pour avantage de mettre en avant une figure d’importance à laquelle Civil War d’Alex Garland rendait déjà hommage. L’approche du métier n’en demeure pas moins purement illustrative ici. Dans le rôle-titre, Kate Winslet part à la pêche aux récompenses, mais se vautre dans le surjeu. Pulpeuse et seins à l’air, elle évoque une Madonna bien en chair, quand vieillie et enlaidie, cigarette au bec et whisky en main, c’est à Marguerite Duras qu’elle ressemble. Face au jeune homme qui l’interroge, il est à craindre le biopic classique construit sur les flashbacks qui mèneront le personnage meurtri jusqu’à aujourd’hui. Si ce contrat usé est respecté, il réserve tout de même un petit étonnement final.

(6/10)Voir plus

Dernière modification il y a 29 jours


Eric2017

il y a 1 mois

Tout le monde connait certaines de ses photos, mais on en ignore l'auteur. Ce biopic partiel, car il ne raconte qu'une partie de la vie de cette photographe, est un témoignage de la barbarie nazie. Lee Miller encore trop peu connue en Europe était une femme courageuse en tous points. Interprétée par une très grande Kate Winslet ce film est fait de manière à ne choquer personne. Néanmoins, il témoigne des horreurs de la guerre et suscite une réflection sur certains événements actuels. L'actrice principale qui est également productrice a mis huit ans pour que ce film arrive sur nos écrans. Merci pour cette persévérance car le résultat, au-delà de nous faire connaître cette photographe, est excellent. Un film à ne pas manquer. (G-15.10.24)Voir plus

Dernière modification il y a 1 mois


vincenzobino

il y a 1 mois

4.5: Le cri de la libération
1977: Tony un jeune homme recueille le témoignage de Lee Miller, une femme incroyable : destinée à être mannequin, sa vie prit une tournure en 1938 lorsqu’en commençant à se filmer, elle fut remarquée par le magazine Vogue et sa rédactrice en chef Audrey Whiters et devint une des plus célèbres photographes avec un sujet brûlant : la vie après l’Occupation. Un voyage extrêmement risqué.
Le voici cet hommage à l’une des plus célèbres photographe de presse qui semblait être l’occasion d’un hommage à la gente féminine et son rôle durant ce conflit. Très forte expérience.
Le premier plan nous plonge de suite dans le vif du sujet mais va finalement être une des rares séquences chocs sur un plan visuel. Car le propos d’Ellen Kuras n’est pas de faire le procès de dirigeants et de leurs actes, mais bien de la gente masculine en général : illustration avec l’inégalité homme-femme durant l’Occupation où bien installé en France avant le conflit puis contraints de fuir à Londres, Lee va y connaître et combattre l’humiliation d’être une femme pour en faire une force rare.
Kate Winslet s’est énormément investie dans ce projet et porte à merveille ce rôle revendiquant l’hommage et le procès à la fois. Filmé avec une incroyable force féminine masquant l’insoutenable de la guerre pour mettre en avant d’autres faits tout aussi condamnables même si pas mortels, l’actrice y est méconnaissable et totalement habitée par cette mission : rétablir une sorte de justice en poussant un fort cri de révolte. Elle peut compter sur de formidables interprètes particulièrement féminines, une photographie de haut niveau notamment sur le dernier voyage de la photographe, et rend un assez fort verdict final sur le rôle maternel et la Mémoire qu’il ne faut surtout pas oublier d’écrire
Très forte expérience à recommander vivement.Voir plus

Dernière modification il y a 1 mois


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