Les Mille et une nuits France, Allemagne, Portugal, Suisse 2015 – 125min.
Critique du film
Les Mille et une nuits
C’est l’histoire d’un chantier naval qui ferme, et fait ses adieux à un dernier bateau qui quitte le port sans avoir été baptisé. Des abeilles décimées par les guêpes, dont les nids doivent être incendiés pour éviter une catastrophe. C’est l’histoire presque connue d’une Schéhérazade, qui raconte à son impitoyable Roi de nombreuses histoires afin de survivre un autre jour : celle de banquiers européens qui ne pensent pas avec leur tête, d’un coq qui tente d’avertir les villageois, d’une baleine et d’une sirène malheureuses. C’est l’histoire d’un pays en crise, d’une réalité qui s’étiole, d’un rêve qui tente de continuer.
Une vague de liberté, d’audace, d’imagination et de folie : voilà ce que propose le premier opus de la trilogie Les Mille et une nuits, sous-titré L’Inquiet et très librement inspiré du recueil de contes arabes. Du titre, qui déboule à l’écran après une demi-heure, au générique de fin, qui découpe la trilogie selon le minutage, le film de Miguel Gomes propose une odyssée invraisemblable et magique à travers un monde qui a perdu son sens. Inutile de s’accrocher ou résister : le voyage repousse les limites de la raison, de l’humour et de la fiction pour emporter le spectateur, un peu malgré lui, dans un périple où s’entrechoquent le cauchemar du capitalisme et les songes en costume, les animaux qui parlent et les business men qui restent muets face au désastre. On pense à Jacques Tati et Hal Hartley en se laissant glisser le long de ce fleuve imperturbable qu’est le cinéma du réalisateur portugais de Tabou, naturellement inégal mais brillamment vif.
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