À peine j'ouvre les yeux Belgique, France, Tunisie 2015 – 102min.
Critique du film
À peine j'ouvre les yeux
Tunis, été 2010, quelques mois avant la Révolution. Farah, 18 ans, vient de passer son bac. Passionnée par la musique, elle est la chanteuse d’un groupe de rock engagé et ne vit que pour ces moments sur scène, partagés avec son petit ami Borhène. Inquiète de voir sa fille attirer l’attention des autorités, sa mère tente par tous les moyens de la raisonner et la diriger vers des études de médecine. Mais Farah, indomptable, décide de continuer à chanter, peu importe les risques.
Le refrain commence à être bien connu : un film sur la population opprimée d’un pays, vu à travers les yeux d’un jeune personnage épris de liberté, et filmé comme un grand geste politique qui résonne à travers les festivals du monde entier. Mais réduire A peine j’ouvre les yeux à cette définition serait comme passer à côté. La Tunisienne Leyla Bouzid signe un premier film plein de vie, d’énergie et de cœur, porté par une sobriété et une sensibilité qui offrent un contraste formidable avec l’état du pays en 2010. Pleine de fougue et de fragilité, la femme-enfant Baya Medhaffar incarne toute la force du film, face à l’excellente Ghalia Benali. Bien moins prétentieux et ridicule que Les Chats persans, un autre film sur la musique contestataire dans une dictature, A peine j’ouvre les yeux est assurément la promesse d’un talent à suivre.
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Commentaires
Une cigale tunisienne chante tout l'été.. l'été passé,le régime tunisien, d'avant le printemps arabe, l'oblige à danser au son d'une musique macabre...
Question : comment sortir de ce marasme vicieux....
Pensée du jour : Une seule hirondelle ne fait pas le printemps, mais des milliers…
Farah, brillante bachelière, porte les espoirs de sa mère et de sa famille qui souhaitent la voir devenir médecin. Mais la jeune fille ne rêve que de liberté, d’amour et de musique dans un Tunis bridé, bientôt aux portes de la Révolution.
Beau témoignage que ce premier film qui incarne la société tunisienne soumise au pouvoir de Ben Ali, les portraits du dictateur plombant chaque mur, chaque paroi. Si les adultes baissent la tête et courbent l’échine, par peur ou par habitude, la jeunesse s’oppose à leur défaite par la désobéissance et l’affirmation de soi. "À peine j'ouvre les yeux, je vois des gens privés de leur bouffe, de leur travail, qui s'exilent, cherchant une galère ailleurs...", chante d’une voix trop juste pour être bouleversante la fraîche Farah. Mais de la bouche pulpeuse d’une fille de dix-huit ans, ces mots effilés interpellent, provoquent et dérangent l’autorité patriarcale. Dans un Etat policier, rongé par la corruption et la délation, cette musique courageuse paraît comme une menace, voire un appel à la révolte. Si bien que les hirondelles annonçant le printemps à venir sont encagées. Mais, même le bec cloué, elles continuent de chanter et finissent par réunir dans leurs murmures mère et fille, symboles forts de résistance intergénérationnelle.
7/10
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