Les innocentes France, Pologne 2016 – 115min.

Critique du film

Les innocentes

Critique du film: Geoffrey Crété

Pologne, décembre 1945. Jeune interne française au service de la Croix Rouge, Mathilde Beaulieu est chargée de soigner les rescapés français avant leur rapatriement. Lorsqu’une religieuse polonaise vient lui demander de l’aide, elle accepte de la suivre dans son couvent où trente Bénédictines vivent coupées du monde. Elle découvre alors que plusieurs d’entre elles, tombées enceintes dans des circonstances dramatiques, sont sur le point d’accoucher…

S’il y a un motif qu’Anne Fontaine décline dans sa filmographie hétéroclite (Nettoyage à sec, Nathalie, La Fille de Monaco, Coco avant Chanel, Perfect Mothers), c’est celui de la femme et la féminité. Inspiré d’une sordide histoire de viols et de meurtres, Les Innocentes trouve donc toute sa place dans la filmographie de la réalisatrice, qui s’essaie pour la première fois à la reconstitution historique. Sans surprise, le poids de l’exercice, associé à l’atmosphère glaciale du décor du couvent enneigé, pèse comme une chape de plomb sur le film, qui manque d’air et étouffe l’émotion brute. La mise en scène, monotone, appuie ce sentiment tandis que Lou de Laâge, repérée dans Respire de Mélanie Laurent, peine à insuffler la vie et le doute qui habite son personnage. Les Innocentes n’en est pas pour autant mauvais : il possède suffisamment de force et questionne suffisamment l’espèce humaine pour intéresser et intriguer.

23.02.2016

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Commentaires

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CineFiliK

il y a 8 ans

Pensée du jour : Des femmes et des dieux

En 1945, dans une Pologne hivernale et salement meurtrie, Mathilde Beaulieu s’engage dans la Croix Rouge afin d’aider au rapatriement des déportés. Lorsqu’une novice l’implore de la suivre en son couvent, la jeune interne française y découvre l’impensable… Des nonnes enceintes et sur le point d’accoucher.

L’intrigue s’inspire de faits réels et historiques en évoquant les atrocités commises sous l’occupation soviétique – viols perpétrés par l’Armée rouge – et le destin d’une héroïne – Madeleine Pauliac de son vrai nom. Sans lourdement insister sur l’horreur, Anne Fontaine préfère s’interroger sur les conséquences du traumatisme au sein d’une communauté vouée à Dieu, convictions qui contrastent avec le regard humaniste de Mathilde. Ainsi s’opposent le blanc de la blouse au noir de l’aube, la science à la foi, sexualité et chasteté, maternité et virginité… Si l’affaire s’ébruite, le couvent devra fermer et les sœurs à la rue seront jugées telles des pestiférées. Si nul ne les aide, futures mères et nouveaux nés risquent la mort, faute de soins. Les questions se posent, le doute s’immisce et les douleurs éclatent. Chacune des deux parties se doit d’apprivoiser l’autre pour espérer trouver une éclaircie. Le film frôle parfois la naïveté – ne suffit-il pas de faire du lieu saint un orphelinat afin de solutionner le problème ? –, mais il réserve des scènes picturales du plus bel effet. Un paysage de neige, zébré de troncs noirs entre lesquels accourt une novice éperdue. D’autres tableaux qui par un astucieux clair-obscur marqué par la flamme d’une lanterne ou d’une bougie en viennent à évoquer l’émotion d’une présence lumineuse, quasi divine, dans cette nuit épaisse.

7/10
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graindesable

il y a 8 ans

Une terrible histoire, des religieuses mais aussi des femmes. Leurs silences, l'orgueil de certain et la générosité d'autres..
Un rien de faiblesse dans l'histoire vers la fin mais au total un film qui m'a plus.


margoule1

il y a 8 ans

Un film miroir d'une histoire qui se tait et l'attente déçue d'une émotion mise en sourdine....et qui ne saurait exister sans être créée...


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