Loving Royaume-Uni, Etats-Unis 2016 – 123min.
Critique du film
Loving
Virginie, 1958. Richard Loving tombe amoureux de Mildred. Lorsqu’elle tombe enceinte, ils décident de se marier. Mais parce que la loi de leur état le leur interdit à cause de la ségrégation, le couple va à Washington pour y échapper. De retour chez eux, où ils s’installent pour reprendre leur vie, Richard et Mildred sont alors arrêtés par le shérif, qui affirme que leur mariage est illégal. Condamnés à une peine de prison, avec suspension de la sentence à condition qu'il quitte l'État, ils décident de porter l’affaire devant les tribunaux et jusqu’à la Cour Suprême.
Changement de registre pour Jeff Nichols : célébré avec ses films de genre (Take Shelter, Midnight Special) et son drame stylisé Mud, le cinéaste filme une histoire d’amour vraie et déchirante, qui est entrée dans les tables de la loi américaine. L’amour est plus que fort que le racisme et la peur : le message est simple, beau, suffisamment fort et d’actualité pour qu’il s’en tienne à une mise en scène et une écriture sobre. Finement emballé, Loving relève ainsi d’un classicisme voire d’un académisme assumé, illuminé par Joel Edgerton et la superbe Ruth Negga, nommée à l’Oscar de la meilleure actrice. L’amateur de mélo larmoyant sera peut-être d'abord désarçonné par l’approche, mais sera finalement emporté par la force de l’histoire.
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Commentaires
Glorious Basterds
Richard Loving aime Mildred. Que faire dans ce cas? La demander en mariage. La jeune femme accepte. Apparemment rien d'extraordinaire à tout ceci, si ce n'est que nous sommes dans l'Etat de Virginie en 1958 et que le mariage multi-racial y est proscrit. Arrêtés après avoir été pris en flagrant délit de vouloir vivre heureux, le couple est emprisonné. C'est alors que l'UCLA va leur venir en aide.
Virginia vs Loving: une dénomination ordinaire pour un décret extraordinaire. Cette jurisprudence que je ne développerai pas davantage est le sujet du film.
Le risque aurait pu être d'en faire un film "militant" avec effusions larmoyantes et humiliations à outrance. Or, Nichols s'en abstient et nous livre une pudique vision telle que le couple-titre l'a vécu. Tel un road-movie pour la liberté accompagné d'images magnifiques et d'une très belle musique, le réalisateur peut surtout compter sur un très beau couple à l'écran. Joël Edgerton et surtout la nominée Ruth Negga y sont magnifiques. Mention spéciale également à Michael Shannon.
Mais ce qui frappe surtout, c'est la conviction féminine à ne pas vouloir baisser les bras et à accepter de prendre des coups, au sens figuré je vous rassure, pour mieux se relever derrière. Mildred et une photo de Life en sont l'illustration et le réalisateur de Take Shelter s'en sert à escient pour rendre cet hommage.
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“Mariage blanc… et noir”
Mildred annonce à Richard qu’elle est enceinte. Il lui sourit, heureux, et lui demande sa main. Mais en 1958, dans l'État de Virginie, épouser une femme noire quand on est un homme blanc est considéré comme un crime.
Le visage fermé, l’air renfrogné, Richard Loving est un maçon épris de mécanique. Les murs qu’il bâtit inlassablement sont ceux du foyer qu’on lui refuse. Les moteurs des voitures qu’il répare et améliore rappellent la déficience d’un système. Cette Amérique ségrégationniste lui donne le choix entre la prison ou l’exil, alors qu’il n’aspire qu’à aimer en paix. Derrière ses yeux de biche, Mildred est plus encline à s’affirmer. En acceptant la médiatisation de son couple, elle pressent que la loi peut être réécrite et que la grande histoire s’inclinera : « Nous pouvons perdre les petites batailles, mais nous sommes dans une grande guerre », argue-t-elle d'une voix douce. Sans pathos ni spectaculaire, le film se dote d’une langueur méditative à l’émotion limitée. Il touche néanmoins par sa délicatesse et prouve que Jeff Nichols, qui s’est démarqué dans le fantastique, sait également conter une belle histoire d’amour sur fond de révolte. Ainsi marche-t-il davantage encore dans les pas de son père spirituel, Steven Spielberg.
7/10
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