Soy Nero France, Allemagne, Mexique, Etats-Unis 2016 – 120min.

Critique du film

Soy Nero

Critique du film: Geoffrey Crété

Nero, 19 ans, a d’abord grandi aux Etats-Unis avant d’être déporté au Mexique. Etranger dans le pays de ses parents, il est déterminé à revenir à Los Angeles pour retrouver son frère, Jésus, et s’installer dans la Cité des anges. Mais la vie d’un étranger sur le sol américain est tout sauf simple. Pour échapper à la vie de misère à laquelle le condamne sa condition de clandestin, sa dernière chance pour devenir américain est de s’engager dans l’armée. Nero rejoint alors le front des green card soldiers, ces migrants qui tentent d’atteindre l’american dream en devenant des soldats…

Il y a une magnifique idée dans le film de l’Iranien Rafi Pitts : le héros lutte contre la frontière invisible mais écrasante entre les Etats-Unis et le Mexique, et ira défendre au Moyen-Orient une ligne invisible dans une guerre abstraite, au nom d’un pays qui le rejette. En opposant le soleil luxueux de Los Angeles et celui du désert aride surveillé par les soldats, le cinéaste met en lumière l’absurdité d’une situation de plus en plus alarmante. Si Soy Nero a des faiblesses et manque parfois de finesse, il joue avec intelligence et audace sur différents tableaux, et tire une vraie force de son parti pris étonnant de scinder l’histoire en deux parties. Rafi Pitts, qui appartient à la nouvelle vague du cinéma iranien, y affirme un véritable regard de cinéaste, entre film social et fable absurde.

19.02.2024

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CineFiliK

il y a 8 ans

Pensée du jour : Aux frontières du rêve américain

Fils d’immigrés, Nero, 19 ans, a passé son enfance aux Etats-Unis dans la clandestinité avant d’être renvoyé au Mexique, terre de ses origines. Aujourd’hui, il cherche à passer la frontière afin de pouvoir rejoindre son demi-frère aîné à Los Angeles, synonyme d’une vie meilleure. Il veut obtenir enfin le droit d’y rester en intégrant l’armée des « green card soldiers ».

Sujet fort, sujet dur et de grande actualité. Une première étape qui raconte le déracinement, l’échappée, l’espoir d’atteindre et de retrouver le pays de tous les possibles. Nero se revendique Américain depuis toujours. Il est prêt à tout pour être enfin reconnu comme tel. Un saut elliptique et le voici de retour au milieu du désert, treillis sur le dos et fusil à la main. Ironie du sort, le jeune homme attend l’ennemi à un poste frontière improvisé. Cette fois, c’est lui qui est au contrôle. Mirage. Seuls la menace, la perte d’identité, l’errance et la mort sont en point de mire. Sous la caméra maîtrisée du réalisateur iranien, lui-même en exil, le rêve américain n’est qu’une illusion, faite de déceptions et de faux-semblants. En allongeant ses plans et en jouant sur l’ambiguïté, il crée la tension et la surprise : un feu d’artifice, qui résonne comme des coups de feu, devient un moyen de diversion. Un père à l’écoute prend subitement les airs d’un homme dangereux. Un nabab se transforme au matin en simple servant. Quant au soldat migrant, il n’est au réveil que de la chair à canon.

7/10

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