Bitter Flowers Belgique, Chine, France, Suisse 2017 – 96min.
Critique du film
Cruelles désillusions
Premier film de fiction du réalisateur belge Olivier Meys, Bitter Flowers s’inspire de faits réels et s’intéresse au parcours de Lina, une jeune femme ambitieuse qui part de Chine pour venir travailler à Paris. Une fois arrivée en France, elle y découvre le monde de la prostitution et n’a pas d’autre choix que d’emprunter cette voie, comme d’autres chinoises, pour gagner de l’argent.
Jeune mère au foyer chinoise, Lina décide de laisser derrière elle son mari et son fils pour se rendre à Paris dans l’espoir de trouver un travail qui permettra de rembourser les dettes du couple. Mais une fois arrivée dans la capitale française, les difficultés vont s’accumuler. Alors qu’elle envisageait d’être engagée comme nounou, Lina enchaîne les refus et se retrouve forcée à faire le trottoir, comme certaines de ses compatriotes, tout en cachant la vérité à son mari.
Fort de son expérience dans le documentaire, le cinéaste Olivier Meys a pourtant choisi de raconter le destin particulier de ces femmes sous la forme d’une fiction, permettant ainsi d’apporter une dimension humaine et émotionnelle à cette histoire. Le réalisateur a notamment pu compter sur la performance très touchante de son actrice principale, Li Qi, qui jongle à merveille entre la force et la sensibilité de son personnage, dont la vie va basculer d’un jour à l’autre.
Le film commence par nous parler brièvement des préparatifs du départ et des rumeurs qui prétendent qu’il serait facile de gagner de l’argent à Paris, avant que la réalité ne rattrape la jeune femme. Lina a en effet beau être persévérante dans sa recherche de travail, le trottoir finira bientôt par être la seule solution pour elle. Mais le film évite tout jugement moral et se contente de montrer le quotidien de ce groupe de femmes qui se serrent les coudes et qui tentent de survivre dans les rues parisiennes. Beaucoup de choses passent par le silence ou le regard des protagonistes, et les scènes de sexe sont souvent suggérées, ce qui évite tout effet putassier.
Mais là où le long-métrage percute réellement, c’est dans son approche du retour. On voit comment cette expérience a bouleversé Lina et les conséquences qu’elle devra affronter une fois la vérité révélée. Cette dernière partie prend toutefois quelques raccourcis qu’il aurait peut-être fallu éviter: le film bénéficiant d’un rythme assez soutenu tout en étant relativement court, Olivier Meys aurait pu approfondir son troisième acte pour mettre encore plus en avant la complexité qui entoure cette thématique, pourtant passionnante.En bref!
Fiction proche du documentaire, Bitter Flowers témoigne d’une dure réalité sociale, sans porter un quelconque jugement moralisateur. Portée par une actrice à fleur de peau, le long-métrage captive et touche par sa sincérité.
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