Eva France 2017 – 102min.

Critique du film

Eva

Théo Metais
Critique du film: Théo Metais

Bertrand, écrivain prometteur. Cette rencontre va bouleverser Bertrand jusqu’à l’obsession et le fera glisser jusqu’à sa perte.

Le rideau s’ouvre à Paris. Avide et fauché, Bertrand (Gaspard Ulliel) travaille au chevet d’un dramaturge anglais vieillissant. Celui que l’on dit “has-been” outre-manche et trop “dark” en France se lamente bourgeoisement sur son succès d'antan, mais l’inspiration est revenue, d’ailleurs la pièce est terminée. Mais le vieil homme succombera dans sa baignoire. Le prélude est rapide. Le manuscrit trône sur le bureau, la pie se sert et Bertrand devient donc le nouvel auteur coqueluche et peluche des mondanités parisiennes. Mais alors qu’il se retire à Annecy pour trouver l’inspiration, il fera la rencontre d’Eva (Isabelle Huppert), une prostituée high-class qui deviendra sa muse énigmatique.

Visuellement pauvre et d’une linéarité rare, il sera très étonnant de voir Eva en lice pour l’Ours d'or. La mise en scène sonne creux et les dialogues, fidèles à un cinéma qui parle comme on écrit, laissent l’impression d’un style mal abouti. Dans cette réécriture, Annecy remplace Venise, et le chalet enneigé nous renvoie aux troubles psychotiques d’un “Shining” en montagne. Formidable chez Stephen King ou le Le Talentueux Mr. Ripley par exemple, les méandres d’une cervelle désespérément en proie à l’inspiration se retrouvent ici réduites à de fades pacotilles. L’histoire d’un homme qui se glisse dans l’apparat d’un autre est une vieille vache laitière du cinéma. Un hommage peut-être, une inspiration molle, qui sait ? …

Gaspard Ulliel interprète honorablement un rôle de faible envergure. Ni plus ni moins convaincante, mais gentiment vénéneuse, Isabelle Huppert achève la besogne avec un savoir faire indéniable. L’ambivalence de leur relation laissera quelques soubresauts dans l’intrigue, légers, tout juste de quoi grignoter. Le script manque de générosité pour ses acteurs et délaisse jusqu’aux rôles secondaires. Eva laissera la triste sensation de n’avoir été placée dans la sélection que pour le charme médiatique d’Isabelle Huppert. Aussi talentueux fussent-ils dans d’autres productions, la projection de ce thriller érotico-psychanalytique se terminera dans une salle déjà bien vidée de ses festivaliers...

(Critique: 17 février; Berlinale 2018)

05.03.2018

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Commentaires

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CineFiliK

il y a 6 ans

“Sans Elle”

Bertrand, dramaturge à succès, choisit la solitude de la montagne pour y puiser, espère-t-il, de l’inspiration. Mais dans son chalet, un couple est entré par effraction. Après avoir chassé l’amant, il découvre dans la baignoire l’intrigante Eva.

Rarement une mise en place fut aussi laborieuse. La noyade d’un patient anglais sous les yeux de son gigolo impuissant. Une comédie théâtrale niaise, acclamée par d’improbables rires. Et cette rencontre douteuse entre le roman d’un tricheur et sa belle de jour.

Dans le rôle de l’homme idéal, Gaspard Ulliel n’a jamais été aussi transparent. Figure insignifiante d’un écrivain raté, incapable de transcender dans ses lignes la réalité. Face à lui, Isabelle Huppert, perruque noire, s’efforce sans convaincre de jouer les dominatrices désincarnées. Comme si son Elle s’était repliée. Rousse, la comédienne redonne enfin quelques couleurs à son personnage d’épouse amoureuse et dévouée

La mise en scène au montage haché menu empêche l’immersion. Refusant tout érotisme, sautant les scènes de sexe, elle insiste sans subtilité sur une possible triple dimension. Mais une pièce désolante inscrite dans une intrigue sans saveur ne peut, troisième degré ou pas, qu’engendrer un mauvais film.

3/10Voir plus

Dernière modification il y a 6 ans


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