Seule la terre (God's Own Country) Royaume-Uni 2017 – 104min.
Critique du film
God's Own Country
Johnny travaille du matin au soir dans la ferme de ses parents, perdue dans le brouillard du Yorkshire. Il essaie d’oublier la frustration de son quotidien en se saoulant toutes les nuits au pub du village et en s’adonnant à des aventures sexuelles sans lendemain. Quand un saisonnier vient travailler pour quelques semaines dans la ferme familiale, Johnny est traversé par des émotions qu’il n’avait jamais ressenties. Une relation intense naît entre les deux hommes, qui pourrait changer la vie de Johnny à jamais.
Récompensé du prix du meilleur réalisateur au Festival de Sundance 2017, remarqué à la dernière Berlinale et auréolé de nombreuses récompenses un peu partout dans le monde, Seule la terre a marqué le cinéma indépendant de l'année 2017. Il faut dire que c'est un premier film pétri de qualités notamment grâce au talent de metteur en scène de Francis Lee. Le cinéaste britannique offre une véritable peinture du milieu rural irlandais dans une ambiance naturelle et austère. Ses cadres souvent parfaits frisent régulièrement une précision documentaire. Le moyen de raconter plus qu'une simple histoire d'amour entre deux hommes. En effet, Seule la terre dessine avant tout les contours psychologiques d'une relation passionnelle interdite dans un milieu traditionaliste et conservateur.
Porté par son duo d'acteur d'une remarquable alchimie, le long-métrage manque parfois de rythme pour pleinement captiver. Heureusement sa narration fluide empêche toute forme d'ennui. Plus qu'un bon premier film, Seule la terre signe sans doute la naissance d'un futur grand réalisateur.
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Commentaires
“Cœur animal”
Aux abords de la ville, Johnny vit dans la petite ferme familiale avec son père handicapé et sa grand-mère. Le travail est âpre et ne manque pas. Le temps précieux qui reste au paysan est noyé dans l’alcool. L’arrivée de Gheorghe, un saisonnier roumain, va réchauffer son existence et lui permettre d’entrevoir un avenir.
Il y a de l’animalité en Johnny. Le garçon est sauvage, instinctif, brutal. Il grogne, crache et vomit cette vie qu’il n’a pas choisie et ce désir qui le brûle à l’intérieur. Au contact de Gheorghe, il apprendra la douceur, les sentiments. Leurs étreintes sont des séances de lutte qui transforment les coups en caresses. Ces deux béliers en rut se cherchent, se défient et s’apprivoisent. Le corps à corps devient un cœur à cœur. Car seuls sur la terre, plus rien ne s’oppose à leur nature.
C’est un cinéma brut, cru parfois, qui éclate de beauté dans les paysages anglais écorchés où hurle le vent. L’intensité se dilue peut-être dans le mélo romantique, mais l’émotion résiste et il suffit d’un « merci » échangé entre un père et son fils pour remplacer tout mot d’amour. Juste et magnifique.
7.5/10… Voir plus
Dernière modification il y a 5 ans
L'amour au temps du foin.
Campagne anglaise: Johnny ne pense qu'à baiser d'autres hommes au détriment des travaux de la ferme que son père, atteint dans sa santé, ne peut assumer seul. L'arrivée de Gheorge, un immigré roumain engagé par son paternel, va ouvrir d'autres horizons amoureux au jeune homme.
Bienvenue dans la campagne anglaise et ses rudiments, univers idyllique niveau paysages mais à l'hospitalité rafraîchissante pour ne pas dire glaciale. Le désir de s'émanciper, la contrainte des tâches ménagères ont de quoi forger les caractères.
L'écriture des personnages, du moins leur Genèse, est remarquable: l'on se demande d'emblée comment l'apparente petite nature roumaine va survivre face à ce roc britannique renfermé sur lui, ne s'intéressant qu'à sa petite personne et à ses propres désirs.
Si la beauté du décor naturel est magnifiquement mise en valeur, l'on restera quelque peu sur notre faim niveau étude de mœurs. Les orientations sexuelles sont traitées avec une pudeur certaine, mais alors que Gheorge semblait prendre le dessus avec une volonté et un espoir de responsabiliser Johnny, notamment au cours de l'un de ses excès, sa réaction finale laisse quelque peu pantois: le pardon est ici trop évident et ne cautionne pas l'orientation prise.
Néanmoins à voir pour les paysages...… Voir plus
"Seule la terre" est une oeuvre naturaliste qui sent le crottin, le lait chaud et le mouton à chaque plan. Le bain dans l'atmosphère de la campagne anglaise profonde est donc réussi. Les personnages qui ne pourraient pas faire carrière dans la diplomatie, sont plus vrais que nature. La réalisation elle plus classique déroule une intrigue téléphonée. La force du film se situe dans la transformation intérieure du héros principal. Du garçon profondément malheureux pour diverses raisons, et non pas à son homosexualité mal assumée comme on pourrait l'imaginer, il se transforme sous nos yeux en rencontrant le véritable amour. Sans guimauve et sans ostentation, c'est la grande qualité de ce long métrage.
Indépendamment des orientations sexuelles le vrai amour se niche partout et est universel. Ce n'est pas une nouvelle révélation, mais ce film en est une très belle illustration aboutie.… Voir plus
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