Penché dans le vent Allemagne, Royaume-Uni 2017 – 93min.

Critique du film

Une ode à l’artiste et à la nature

Prescilia Correnti
Critique du film: Prescilia Correnti

Plus d’une quinzaine d’années après avoir consacré un documentaire sur le célèbre artiste de Land Art Andy Goldsworthy dans Rivers and Tides, le cinéaste allemand Thomas Riedelsheimer repart à l’assaut de l’environnement, de l’homme et de cet artiste talentueux qui voue un amour fou et passionné envers Mère Nature.

Avant tout chose, recontextualisons brièvement l’artiste ici mis en avant. Andy Goldsworthy est un artiste britannique qui crée des sculptures intégrées dans des bâtiments urbains ou des éléments naturels. Principal acteur du mouvement Land Art, il s’est illustré notamment en utilisant et/ou récupérant des objets naturels issus de la végétation afin d’ériger des sculptures soit éphémères, soit permanentes. La finalité de ses œuvres et de son travail : faire ressortir le caractère de ses objets dans leur environnement.

Le travail d’Andy Goldsworthy se déploie à plusieurs niveaux ; œuvres minimales et infimes (recouvrir de feuilles jaunes un tronc d’arbre ou calfeutrer ses plaies), tableaux naturels gargantuesques (déplacement d’énormes rochers à l’aide de bulldozers et excavations profondes), et ce, dans différentes parties du monde, de la réserve d’Ibitipoca au Brésil, à la France, en passant par Edimbourg ou encore la Nouvelle-Angleterre.

Penché dans le vent, sera l’occasion de portraiturer d’une manière plus intimiste cet artiste talentueux, qui n’a pourtant plus rien à prouver, mais qui continue encore et toujours de chercher sa place dans ce monde. Toujours vu comme un passionné fanatique de la nature, Thomas Riedelsheimer nous montre un artiste en plein questionnement. Comment faire pour que l’homme cohabite avec la nature alors qu’il y laisse des traces indélébiles ? Pourquoi ses doutes s’intensifient-ils avec le temps alors que sa réputation n’est plus à faire ? Avec sa caméra braquée en permanence sur son visage, le réalisateur n’a jamais réussi à aussi bien capter les contradictions dont recèle Goldsworthy et la richesse de son art.

En bref !

Avec une certaine conscience de l’artiste vieillissant, Penché dans le vent nous plonge dans l’esprit, le cœur et le travail enrichissant d’Andy Goldsworthy. Se remettant perpétuellement en question, c’est finalement le binôme qui nous invite, en fin de long-métrage, à nous questionner sur notre rapport à l’environnement.

15.05.2019

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