Les filles du soleil Belgique, France, Georgia, Suisse 2018 – 115min.
Critique du film
Metal Gear tout mou
Ce ne sera jamais assez répété, mais avoir un sujet puissant ne suffit pas à faire un film fort, ni même un bon film tout court. On serait même cette fois tenté d’ajouter qu’il ne doit pas servir de cache-misère à une mise en scène cosmétique, une narration bancale et une démarche vide de sens, au risque que ce sujet se retourne contre celle qui l’agite. Car c’est bien de cela dont il s’agit dans Les Filles du Soleil, qui n’est certes pas à proprement parler désagréable au visionnage, mais simplement d’une stérilité effroyable, et ce, dès son introduction en mode Apocalypse Now pour les nuls.
Le problème principal du film, c’est qu’à part faire de jolies images, il n’a rien à raconter sur son sujet. La preuve flagrante à cela c’est que des deux personnages principaux, la première, Mathilde, est de trop et l’histoire de la seconde, Bahar, est racontée à l’envers grâce à des flashbacks pour artificiellement lui donner une aura. Emmanuelle Bercot et son cosplay de Kurt Russel dans New-York 1997 (ou Solid Snake si vous préférez les jeux video) est en effet un encombrement permanent, une gêne dans l’hagiographie que voudrait faire Les Filles du Soleil de ses combattantes, quand elle n’est pas grotesque ou quand elle se lance dans des tirades de comptoir sur la vérité et « les gens (qui) s’en foutent ». Simple spectatrice, elle n’a aucune fonction si ce n’est de gonfler le pathos, offrir un point d’ancrage occidental pour le public et faire un hommage particulièrement malvenu et indélicat à la reporter Marie Colvin.
Golshifteh Fahrahani quant à elle a beau camper Bahar avec un charisme démentiel, prouvant au passage combien elle est un trésor cinématographique, il lui est impossible de donner de l’épaisseur à un personnage réduit à sa plus stricte fonction, et encore moins de porter à elle seule un film qui se contente de paresseusement raconter le réel à gros traits, aussi abject soit-il. À ce compte-là, passer par le filtre de la fiction ne présente absolument aucun intérêt, il retire même de la force au sujet, un comble quand on parle de 7000 femmes réduites à l’esclavage sexuel.
En bref !
Autant regarder un reportage ou même un documentaire de guerre. On vous conseille Encerclés par l’Etat Islamique.
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