Ryuichi Sakamoto: Coda Japon, Etats-Unis 2017 – 100min.
Critique du film
Ryuichi Sakamoto: Coda
Compositeur hors-norme, Ryuichi Sakamoto est passé au crible par Stephen Nomura Schible. Un documentaire qui retrace une carrière, l’histoire d’un homme à la recherche du sublime et de l’authenticité musicale.
Pour les musiciens avertis, une coda est la conclusion d’un morceau de musique. Alors que la vie lui a donné du fil à retordre et un cancer de la gorge, le morceau de vie de Ryuichi Sakamoto aurait pu se conclure tragiquement. C’est une bande-son somptueuse qui en est ressortie à la place : la prodigieuse soundtrack de The Revenant. Un problème de santé qui lui a conféré une nouvelle énergie pour composer.
Nous l’apercevons tapoter quelques notes sur un piano cassé, un survivant de la catastrophe de Fukushima de 2011. Jouer sur « ce cadavre de piano », comme il l’explique, l’emplit de joie. Il retrouve une pureté mélancolique, une authenticité musicale. Il explique que la société a programmé les pianos dans une forme déterminée pour nous formater à un son défini. La révolution industrielle a rendu possible la production généralisée de ces instruments. Pour lui, le piano découvert dans la zone désaffectée de Fukushima a été (ré)accordé par Mère Nature. Sakamoto est un travailleur de l’ombre, minimaliste, cherchant à toujours être en accord avec ce qui l’entoure.
Il a rencontré la gloire dans les années 70 - 80 avec le groupe Yellow Magic Orchestra et plus tard avec ses compositions pour le cinéma. Du gamin issu de cette scène culturelle foisonnante tokyoïte au musicien aguerri, Sakamoto est quelqu’un d’investi dans son travail et dans les causes qui lui tiennent à coeur. La thématique du nucléaire en est une. Stephen Nomura Schible observe habilement l’homme au milieu d’un processus, lui tire le portrait entre élans de génie et méandres existentiels.
On peut lui reprocher de mettre l’homme sur un piédestal. À trop respecter Sakamoto, il reste à distance respectable, évite de trop s’en approcher. Introverti, touché dans sa chair quand il est question des catastrophes de Fukushima ou le 11 septembre, lui qui réside à New York, le Japonais est un solitaire qui cherche à explorer l’immensité que le monde nous offre. Poème élégiaque d’un maestro sincère et généreux.En bref !
Coda est un processus artistique et humain. Sakamoto mène (presque) une vie de moine érudit, rompu à la beauté de la Nature. Une méditation profonde structurée de manière amorphe. On le sent interrogé par le sens de la vie, à philosopher sur certains sujets. L’homme a été poussé dans ses derniers retranchement et Schible, en brossant son portrait, offre une vision poignante d’un compositeur à part, au talent hors du commun. 5>
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