Thelma Danemark, France, Norvège, Suède 2017 – 110min.

Critique du film

Thelma

Théo Metais
Critique du film: Théo Metais

Thelma (Eili Harboe) suffoque d’une morale parentale outrageusement conservatrice et se libère du fardeau en allant étudier à Oslo. Alors qu’elle fait la rencontre de Anja (Kaya Wilkins), une idylle complexe naît entre les deux jeunes femmes. Thelma qui rejette inconsciemment cette histoire deviendra rapidement la proie de crises épileptiques foudroyantes et se découvre des facultés surnaturelles. Mais voilà qu’un passé tragique refait surface...

Après un passage éclair à Hollywood avec le magnifique Back Home (avec Jesse Einseberg et Isabelle Huppert), le réalisateur Joachim Trier et son bras droit scénaristique Eskil Vogt reviennent avec Thelma au cinéma scandinave; une intrigue surnaturelle inspirée par les saints patrons du thriller.

Quelque part entre une tradition naturaliste du roman gothique et les parties de chasse tragiquement absurdes du récent “The Lobster”, l’ouverture du film invoque de belles influences et les violons du compositeur Ola Fløttum (Louder Than Bomb, Oslo, 31. August) scellent la promesse d’un excellent thriller. Un thriller onirique, une romance au féminin; un peu hitchcockien et presque Donnie Darko; il flotte surtout au dessus de cette jeune étudiante prédisposée au paranormal le spectre du roman “Charlie” de Stephen King.

Mais étonnamment, l’intrigue s'égare à regret dans un conte moins pesant. D’autant plus étonnant que le dilemme psychologique de Thelma offre de la poigne à l’angoisse. Malgré une scène d’exposition assez classique, l'ambiguïté parentale souffle les braises, la télékinésie répulsive de Thelma féconde le drame et jusqu'au final joliment twisté, Joachim Trier mêle au surnaturel des thématiques sociétales et religieuses.

La faute au père peut-être que nous pourrions souhaiter plus épineux encore; une mise en scène trop décorative, fut-elle pourtant métaphysique lorsque la glace cryogénise le corps inerte d’un bambin. Des bagatelles en définitive car il faudra relever un casting impeccable: De la très prometteuse Eili Harboe, au père, joué par l’incontournable figure du cinéma scandinave Henrik Rafaelsen (The Almost Man), ou encore Kaya Wilkins qui se fait actrice sur le tard, convaincue par le réalisateur. Thelma se révèle être un thriller certes psychotique, mais jamais abyssal ni même assommant, tout juste frissonnant; pourtant d’actualité et bigrement intelligent.

20.02.2024

3

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Commentaires

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CineFiliK

il y a 6 ans

“Délivre-nous du mâle"

La chaste Thelma quitte sa campagne et ses dévots de parents pour étudier à Oslo. Seule et perdue dans la capitale, la jeune fille découvre des sensations inconnues jusqu’alors. Mais un mal étrange, aux conséquences surnaturelles, éclate en elle.

Le réalisateur norvégien, adoubé par la critique pour son cinéma d’auteur, s’essaie au fantastique. Si ses maîtres Bergman et Dreyer l’inspirent toujours, Stephen King et Dario Argento l’influencent dorénavant. La qualité de sa mise en scène reste plus que notable, mais il manque la peur pour que le malaise s’immisce en nous. Dans un genre proche, son voisin suédois Tomas Alfredson impressionnait davantage avec les dents acérées de son Morse.

Trier exprime de préférence un message d’amour et de tolérance. Thelma trouve en Anja, camarade d’université, plus qu’une Louise. L’objet obscur d’un désir qu’elle tente de réprimer en invoquant son éducation religieuse. Le serpent de l’Eden, les flammes de l’enfer et un « Lève-toi et marche » final marquent l’aspect biblique du film. Mais ce n’est qu’une fois délivrée de ce carcan et en acceptant sa vraie nature que cette Eve devenue femme avec une femme retrouvera la lumière.

6.5/10Voir plus

Dernière modification il y a 6 ans


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