Voyez comme on danse France 2017 – 88min.
Critique du film
La valse à zéro temps
De sa première seconde à son ultime photogramme, Voyez comme on danse est une comédie sociale chorale médiocre, à peine digne d’un téléfilm, qui a non seulement le malheur de réunir tous les ingrédients les plus ringards et dépassés du genre, mais en plus de mal le faire. Peu importe par quel bout on essaye de prendre le film, il est paresseux, pantouflard, préhistorique.
Le long métrage aligne tant de scories typiques qu’il en a du mérite quelque part, comme une boussole qui indiquerait le sud du cinéma français. Point de mer Méditerranée cependant à l’horizon, plutôt le désert de l’imaginaire, où seuls les clichés les plus vus et revus sur le fameux « quotidien », Saint Graal du réalisme réalisto-réaliste français, viennent apporter un semblant de présence famélique : gouailleuse adolescente enceinte qui souhaite garder son bébé et ne le dit pas à son petit ami, cocasse mère célibataire qui perd son emploi, truculent mari adultère, etc. Au moins évitera-t-on la déshydratation dans ce néant scénaristique, tant le dit scénario est pétri de tendresse mouillée agrémentée de paternalisme infantilisant pour « les vrais gens ».
On objectera que les situations susnommées, ainsi que le film, s’inscrivent dans la tradition comique la plus pure : un récit progressant d’amours contrariées en quiproquos incongrus jusqu’à une inévitable eucatastrophe qui punira les mal-intentionnés et fera tout rentrer dans l’ordre, et que donc finalement seuls comptent le rire en surface et la morale finale en profondeur. Quelque part, on aura bien raison de le dire d’ailleurs, tant le film ne fait même pas l’effort de tenter d’insuffler un peu de cinégénie dans cette enfilade de plans moyens et de champ-contrechamps éclairés avec une lumière sans caractère.
Sauf que, pour faire rire il faut du rythme et de l’humour. Or le montage est si froid que Voyez comme on danse est une véritable valse neurasthénique à zéro temps. Même Karin Viard ou Carole Bouquet, pourtant normalement des comédiennes habitées par une belle énergie communicative, ne peuvent rien y faire. La greffe de charisme en urgence ne prend pas, et pas un instant le charme n’opère. Tout au plus sauvera-t-on William Lebghil qui pastiche vraiment bien Vincent Lacoste.
Quant à l’humour, il alterne entre jeunisme - « t’es en mode avion ou quoi ? » dans la bouche d’une jeune, évidemment -, racisme ordinaire - dont le film s’auto-absolvera avec une mauvaise foi insolente lors d’une scène de gare - et transphobie naturelle - l’un des noeuds dramatiques se desserrant quand un hétérosexuel est comiquement humilié en fin de film pour avoir couché avec une femme transsexuelle sans le savoir. Morale drôle, ou drôle de morale ? Non, sincèrement, il n’y a pas de quoi rire.
En résumé : Voyez comme on danse se projette dans une certaine vision classique de la comédie, mais ce marivaudage-vaudevillesque sauce beaumarchaise a trop peu d’ambition et esquisse bien trop mal ses portraits. Mou, sans charisme et désagréable, bref, aucune espèce d’intérêt.
Votre note
Commentaires
Un bon Vaudeville moderne avec la patte de Michel Blanc et la classe de tous les acteurs. Petit délice bien marrant et qui se laisse déguster. C'est fin, c'est fin, ça se mange sans faim!
Ce film est tout simplement magnifique. Super bien interprété, des dialogues justes, c'est totalement réussi et plaisant. Une comédie que j'ai beaucoup apprécié. Rouve y est excellent, Dutronc fidèle à son style, quant aux actrices Bouquet, Rampling et Viard elles sont géniales. On retrouve William Lebghil dans le rôle d'Alex qui est vraiment excellent. (G-24.10.18)… Voir plus
La finesse n'est pas au rendez-vous. Drôlerie digne d'un film comique destiné à un large public . Comme il est souvent le cas pour une suite, l'ersatz du premier volet.
Dernière modification il y a 6 ans
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