Un tramway à Jérusalem France, Israël 2018 – 90min.

Critique du film

Un métro nommé diversité

Sven Papaux
Critique du film: Sven Papaux

Amos Gitaï a entamé des études d’architecture avant de se lancer dans le cinéma. Alors quand le cinéaste israélien nous emmène à travers Jérusalem en métro, l’homme revient à ses premiers amours et décrit une mosaïque d’êtres humains empruntant une rame qui traverse le temps et le quotidien.

De petites saynètes, où la diversité trône fièrement dans un métro qui traverse la ville de Jérusalem. Un parcours préétabli où se trame une comédie qui révèle le quotidien et des situations poétiques, politiques, toujours dans un sentiment de voyage urbain ininterrompu. D’est en ouest, Amos Gitaï suit les contours de la ville de Jérusalem à travers des touristes et ses habitants.

Rupture de tons, décalage entre les différentes scènes qui se juxtaposent telle une mosaïque. On découvre Mathieu Amalric en touriste français, avec son fils, à goûter aux mélodies entendues au détour d’un arrêt. Couché, il vit, il profite de l’instant présent. Un premier personnage qui revendique une liberté, une déconnexion avec le stress environnant. Amos Gitaï est dans cette même veine, dans un état d’esprit passif, à suivre ses différents protagonistes dans un quotidien, sans fard, dans sa forme la plus authentique et classique. Les saynètes apportent un lien entre une politique toujours plus forte - ville arabe « envahie » par les communautés juives -, plus présente, mais l’humour pèse, parfois incisif, parfois timide. Le tram trouve son équilibre un temps, avant de trouver son point de saturation, comme si cette passivité gangrenait son auteur lui-même.

Les rails pour placer un film politisé, comme Amos Gitaï les affectionne, où la paresse artistique de Gitaï se dresse comme un dérangement sur la ligne. Ces différentes saynètes s’effritent, se cognent à l’inégalité d’un film construit de cette manière, en fractionnant son film et suivant plusieurs personnages qui courent après l’âme d’une ville qui décline sous l’acharnement politique. On reste parfois à côté, on goûte à certaines scènes, on regarde sa montre pour d’autres - la plus irritante reste celle où un président ne laisse pas la parole à son nouvel entraîneur durant une interview. Le propos si désiré, si construit nous apparaît comme ce long trajet fatiguant, celui d’un ennui infini. Les questions que soulèvent Un tramway à Jérusalem zigzaguent au milieu de la discorde politique, sombre dans la lourdeur - comme l’était Le dernier jour d'Yitzhak Rabin -, s’oubliant à travers les paysages et les différents protagonistes.

En bref !

La mosaïque perd de sa superbe par son propos appuyé et lié au conflit israélo-palestinien. Un propos répétitif, empêtré dans un humour boiteux. Une lente traversée à Jérusalem, si ennuyeuse et souvent peu profonde. Une réalité politique, une vision qu’Amos Gitaï cultive à travers des saynètes qui s’entrechoquent pour n’en sortir qu’un malheureux résultat qui tombe à plat.

22.05.2019

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