Gräns Danemark, Suède 2018 – 111min.
Critique du film
Un ovni nordique
Lauréat du prix Un certain Regard à Cannes en 2018, Gräns est la deuxième réalisation du cinéaste danois d’origine iranienne Ali Abbasi. Insolite et à la croisée des genres, le film narre la quête identitaire d’une douanière atypique qui embrasse une nouvelle destinée à la suite d’une énigmatique rencontre.
À l’image de son héroïne, Gräns est un film étrange et singulier qui questionne de manière surprenante notre existence. Le long-métrage d’Ali Abbasi s’intéresse effectivement à la frontière, parfois très fine, qui existe entre le monstre et l’humain, en nous racontant notamment la relation entre ces deux êtres un peu particuliers. Fascinante pour certains, déstabilisante pour d’autres, l’histoire d’amour que partageront les deux protagonistes divisera certainement le public.
Si cette passion charnelle frôle parfois le grotesque (les moments intimes, plutôt crus, sont à mille lieues des codes habituels), le mélange des genres choisis par Ali Abbasi risque lui aussi de déboussoler les spectateurs. À la fois romance, polar et film fantastique, Gräns ne parvient pas toujours à développer convenablement son propos, comme en témoignent l’intrigue policière qui ne s’avère guère utile au récit, et le caractère répétitif d’un bon nombre de scènes. En revanche, les décors nordiques, à l’origine de nombreux instants contemplatifs, renforcent parfaitement l’atmosphère mystérieuse qui entoure l’existence de ces personnages.
Autre point fort, les excellentes interprétations des comédiens Eva Melander et Eero Milonoff, tous deux méconnaissables sous leur maquillage qui les enlaidit. Leurs prothèses ayant tendance à figer un peu leurs visages, leurs émotions sont essentiellement transmises par le regard et la voix, confirmant ainsi toute l’étendue de leur talent. En bref !
Si la dimension philosophique de Gräns s’avère intrigante et si les comédiens livrent de bonnes performances, le mélange des genres a tendance à rendre l’ensemble peu homogène et parfois confus. En sortant à ce point des sentiers battus, le long-métrage risque sûrement de dérouter plus d’un spectateur. Un véritable ovni qu’il conviendra à chacun de juger.
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Commentaires
“Freaks”
La disgracieuse Tina travaille au port. Son flair imparable lui permet de détecter toute trace de culpabilité parmi les passagers qui débarquent en Suède. Quand un jour, le mystérieux Vore se dresse devant elle, la douanière est troublée. Que dissimule-t-il ?
La frontière est un repère. Elle marque les terres, sépare les êtres et les esprits. Quand elle se fêle, la confusion s’immisce. Où commence le bien et s’arrête le mal ? La bête est humaine, l’homme, un animal. Mâle et femelle se mélangent et ne font plus qu’un. Les créatures les plus monstrueuses sont celles qui se cachent et que l’on n’imagine pas.
S’inspirant des contes et légendes scandinaves, le film entremêle les genres. Ancrée dans le réel, cette romance horrifique ouvre les portes du fantastique. La laideur ambiante dérange et rebutera les plus sensibles. Mais, sans détourner le regard, il est possible de voir que l’amour, qu’il soit physique ou maternel, subsiste aussi parmi les monstres.
6.5/10… Voir plus
Dernière modification il y a 5 ans
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