I Can Only Imagine Etats-Unis 2018 – 110min.

Critique du film

PitiéNous

Lino Cassinat
Critique du film: Lino Cassinat

Biopic sur la vie du chanteur texan du groupe de rock chrétien MercyMe et un succès populaire spectaculaire outre-atlantique (où il se mesurait à Black Panther !) qui en a fait le film indépendant le plus rentable de 2018 aux US, I Can Only Imagine est sur le papier presque trop américain pour être pris au sérieux.

C’est pourtant exactement parce que le film, ainsi que l’histoire de sa carrière, sont un concentré extrêmement pur de tout ce qui constitue l’ADN idéalisé de l’Amérique que le visionnage d’I Can Only Imagine est passionnant. Tous les ingrédients de l’americana typique sont réunis dans ce film, mais avec en plus une dose massive de foi chrétienne assumée, et pourtant, le résultat final témoigne d’une démarche sincère et sans cynisme, ainsi que d’une foi (dans tous les sens du terme) absolue en son message... et souvent désarmante.

Car il n’y a pas grand chose à aimer dans I Can Only Imagine, et encore moins après les cartons pré-génériques de fin qui mettent en avant le fait que MercyMe a joué pour Donald Trump et Mike Pence, si ce n’est cette pureté extrême de ses bons sentiments et cette démarche hyper-inclusive (!) qui tient (un peu) éloigné son prosélytisme. Dennis Quaid est également au sommet de ses talents d’acteur. Mais ce sont bien les seuls éléments qui raccrochent le spectateur à ce biopic, qui, en dehors de son appel du pied aux partisans d’une idéologie conservatrice, n’est pas foncièrement mauvais mais qui n’a franchement rien de notable non plus, si ce n’est son absolue bonne foi (jeu de mot).

Les frères Erwin déroulent en effet un programme familial ultra-classique et ils l’emballent dans une mise en scène qui n’étonnera personne tant elle est aussi efficace qu'impersonnelle, et même victime de quelques poncifs (on n’a pas compté le nombre d’éclairages blancs en douche censés évoquer Dieu / le paradis, mais ils sont nombreux). Enfin, si l’aspect drame familial est très correctement ficelé, le thème de la foi, lui, ne donne lieu qu’à un enchaînement de platitudes.

I Can Only Imagine est donc un objet d’étude socio-culturel passionnant, qui a son petit souffle. Mais même s’il marque un tournant dans le genre du film chrétien en élargissant son public niche (son succès en est la preuve), difficile quand même d’y voir un intérêt particulier pour quelqu’un qui ne soit pas fan de MercyMe, ou spécialement intéressé par les témoignages de foi au cinéma, ou en manque de récits sur l’Amérique rurale.

En bref !

Pernicieux, I Can Only Imagine a plus d’intérêt pour ce qu’il représente que pour ce qu’il est, mais il est néanmoins suffisamment sincèrement animé par de bonnes intentions pour ne presque pas paraître évangéliste et presque faire oublier son essence conservatrice.

13.06.2019

2.5

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