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Ly-Ling Et Monsieur Urgesi Suisse 2018 – 81min.

Critique du film

Micro-cosmos

Lino Cassinat
Critique du film: Lino Cassinat

Le monde est parfois un endroit formidable. Quel auteur aurait pu mettre en scène la rencontre fortuite de deux destins aussi différents que ceux de Ly-Ling et Monsieur Urgesi, réunis autour d’une passion commune, sans prendre le risque considérable de tomber dans le cliché sirupeux? Heureusement, le premier film de Giancarlo Moos nous montre que parfois, le réel a plus d’imagination que la fiction.

Ly-Ling est une jeune femme styliste passée par un cursus artistique, tandis que Cosimo Urgesi est un vieux tailleur ayant appris son métier comme un artisanat. Tous deux sont issus de l’immigration, tous deux doivent travailler le tissu main dans la main, et pourtant, leurs approches radicalement différentes de la fabrication du vêtement les oppose. Vieille école contre liberté créatrice, il va bien falloir trouver un équilibre. Mais peut-être est-ce justement la plus belle occasion de se faire grandir mutuellement.

Ly-Ling et Monsieur Urgesi, le titre même du film sonne comme une fable, ou un conte. Pourtant, il s’agit bien d’un documentaire, plus que jamais ancré dans le réel et tourné à l’économie. Cependant, comme les deux genres susnommés, le cœur de sa narration est bien un récit d’apprentissage, mais le film aura tôt fait de brouiller les cartes sur la nature de cet apprentissage. Est-ce Ly-Ling qui apprend de l’expertise adroite de Monsieur Urgesi? Est-ce Monsieur Urgesi qui apprend à se laisser porter par Ly-Ling? Parle-t-on de technique, d’artistique? Ou même d’échanges culturels, d’histoires?

C’est un peu tout cela et rien de tout cela à la fois, et à la vérité, Ly-Ling et Monsieur Urgesi s’en fiche(nt), car il n’y a en réalité, au cœur du film, aucune leçon, juste beaucoup d’émotions. Par la grâce de la légèreté de son dispositif et de son montage aéré, Giancarlo Moos parvient à saisir des moments particulièrement intimes et tisse un lien immédiatement intime et précieux entre le spectateur et les protagonistes.

Le charme suprême du film, c’est l’histoire de ce lien, aussi insignifiant pour le monde que primordial pour les individus qui en sont les points d’attache. Au fond, c’est d’ailleurs peut-être parce que des films comme Ly-Ling et Monsieur Urgesi sont aussi microscopiques qu’ils arrivent à mettre le bout du doigt sur la plus importante chose que peut nous «apprendre » une œuvre d’art: comment on s’attache, et comprendre comment et pourquoi on se lie les uns aux autres, même dans la confrontation.

29.09.2020

4

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