La chute de l'empire américain Canada 2018 – 128min.
Critique du film
La justice tombe dans l’injustice
Un intellectuel fauché se retrouve dans une situation bien étrange : il récupère l’argent d’un braquage qui a mal tourné. La chute de l’empire américain, une satire politico-judiciaire signée Denys Arcand, clôt sa trilogie commencée il y a 33 ans, avec Le déclin de l’empire américain.
Il est chauffeur-livreur parce que ça paie mieux que d’être prof de philo. Le comble. Alors qu’il rompt avec sa petite amie, l’homme de 36 ans se lance dans un monologue prodigieux sur le handicap que cause l’intelligence. Il vaut mieux rester dans l’ignorance, avancer dans ce monde capitaliste sans y penser. Les premières bases sont lancées. Denys Arcand renoue avec les fondamentaux qui ont fait son succès. Un film qui bascule dans divers genres, de la fable romantique au film de braquage, en passant par le polar. La flicaille, les coulisses du pouvoir financier - entendez par-là l’évasion fiscale -, Arcand propulse un homme qui face à la tentation, va remettre en cause son rôle de citoyen honnête, décidé à prendre à contre-pied une société qui l’exploite. Cet argent est sa vengeance, avec ses inconvénients et ses avantages. La mafia et la police comme compagnons récurrents.
Le scénario dépeint une ville de Montréal avec ses fractures, ses injustices et ses sans-abris en arrière-fond. La vie est injuste, les riches sont des tricheurs, le monde marche sur la tête. L’évasion fiscale est revisitée dans une dérision québécoise bienvenue, tout bonnement généreuse. Il y a un ton politiquement incorrect, une parabole de notre société gangrenée par l’argent, de notre époque de fous furieux. Quelque chose de très mordant dans l’écriture, que nous ressentons beaucoup moins dans le traitement et dans la direction d’acteurs. La chute de l’empire américain est peut-être trop soigné, trop gentil pour véritablement écorner notre monde actuel.En bref !
Rien que pour son monologue inaugural, La chute de l’empire américain est à voir. Entame aux petits oignons, avant de s’effriter, de perdre en relief, trop poli pour euphoriser une histoire qui transpire les travers de l’argent, de la corruption quotidienne. Denys Arcand évoque les arcanes de l’évasion fiscale, là où les sans-abris n’ont pas droit au chapitre. Ainsi parle Denys Arcand.
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Commentaires
Un petit bijou qui nous vient du Québec. Sujet très intéressant, traité d'une manière excellente et très bien interprété. 130 minutes où je ne me suis pas ennuyé un instant. Parfois un peu difficile à comprendre à cause du langage, mais sinon c'est passionnant. (G-09.04.19)
Dernière modification il y a 5 ans
Prendre Racine
Pierre-Paul est livreur alors qu’il aurait pu être philosophe. Sa doctrine de vie est de profiter des opportunités. Lorsque l’une de ses livraisons s’avère le témoin d’un hold-up et que le jeune homme hérite malgré lui du butin laissé par deux cadavres, son goût de la générosité et son opportunisme soudains vont lui faire croiser la route d’une call-girl, d’un avocat véreux et d’un ex prisonnier souhaitant se repentir en aidant son prochain, soit les défavorisés. Seulement la police veille au grain.
Quel bonheur de retrouver Arcand et son annoncé final de sa trilogie satirique sur les dérives occidentales! Un retour de haut vol.
P-P a cette caractéristique du parfait abusé par le système souhaitant être désabusé. Et il va saisir l’opportunité offerte avec un flegme et une naïveté certains.
Les dialogues sont savoureux, les séquences assez réalistes: le cinéma de Arcand n’est pas tout public et confirmation y est amenée. Ce troisième opus n’est peut-être pas aussi cinglant que le déclin, de par l’absence d’une... chute digne de ce nom, mais l’invasion barbare du capitalisme ici à nouveau dénoncée procurera un plaisir certain si l’on connaît l’oeuvre de Arcand.
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“L’invasion barbare”
Chauffeur livreur, Pierre-Paul assiste malgré lui à un braquage qui tourne mal. A ses pieds, deux sacs remplis de liasses. Va-t-il se laisser corrompre ?
« Dans ce monde rempli d’idiots, mon intelligence est un handicap pour réussir », déclare sans sourcilier le trentenaire à celle qui est en train de le quitter. Docteur en philosophie, il n’a trouvé mieux qu’un travail de coursier. Dès lors, quand l’argent sale tombe du ciel, la tentation est grande de le ramasser. A quoi bon la morale, dans un empire où seuls les riches s’assoient sur le trône. Avec tous ces dollars, Pierre-Paul pourrait s’offrir une autre vie, dont Aspasie, la courtisane de Socrate, ferait partie.
Il n’y a pas de paradis sur terre, sauf s’il est fiscal. Le Québécois Arcand revient aux affaires après des années de silence. Il dénonce l’invasion barbare capitaliste qui déséquilibre les sociétés, où les plus pauvres dorment devant les portes des gratte-ciels de la finance. Dans cette jungle, le Bon, la Pute et le Truand jouent les Robins des bois en profitant à leur tour du système. La satire est amusante et plutôt maligne. De quoi rattraper une image et mise en scène un peu ternes.
6.5/10… Voir plus
Dernière modification il y a 5 ans
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