The Little Stranger France, Irlande, Royaume-Uni, Etats-Unis 2018 – 111min.
Critique du film
Atmosphère délicieusement gothique
Un film hanté, à l’atmosphère oppressante signé Lenny Abrahamson. Le cinéaste irlandais continue à faire résonner son nom. De Room, qui a permis à Brie Larson d’accéder au rang d’actrice oscarisée, à l’original Frank en passant par la bonne série Chance, le metteur en scène enchaîne les projets de qualité, tout comme The Little Stranger, basé sur un roman de Sarah Waters paru en 2009. Une nouvelle ligne de référence à son curriculum vitae.
C’est en 1919 que le docteur Faraday (Domhnall Gleeson), encore enfant, découvre le manoir Hundreds Hall, grâce à sa mère autrefois employée de maison dans cette demeure. 30 ans plus tard, il est appelé pour une auscultation. Les choses ont changé, l’ambiance est totalement différente, comme oppressante. Le domaine est la propriété de la famille Ayres. Il ne reste que la fille, Caroline (Ruth Wilson), la mère, Angela (la toujours fascinante Charlotte Rampling), et le fils, Roderick (Will Poulter), revenu de la guerre couvert de cicatrices et de brûlures. Tout est en décomposition : la maison, les finances, le destin familial… Tout semble à l’abandon, le lustre d’antan est dorénavant un vieux souvenir. Si tout le monde semble attendre la mort et se laisse bercer par sa nostalgie, une étrange présence continue à hanter les lieux. Faraday parle rapidement de Susan, la fille d’Angela décédée à l’âge de huit ans. Est-ce sa présence qui fait craquer le plancher, à l’origine des sons de cloche toujours plus inquiétants ?
Le véritable sens de l’histoire, et c’est là que réside la force de The Little Stranger, n’est pas exclusivement axé sur les activités paranormales. La maison opère comme une métaphore, un message sous-jacent. Des souvenirs enfouis et cachés dans les pièces, une brillance d’antan perdue à jamais et des locataires à la santé mentale aussi déplorable que la bâtisse.
La beauté du film est avant tout dans son récit atmosphérique, aussi hypnotique que stylisé. Lenny Abrahamson maîtrise parfaitement son histoire, réussit à nous balader entre les murs d’Hundreds Hall au prix d’une poésie délicieusement gothique et captivante. Des personnages parfaitement campés par une excellente distribution, menée par la performance XXL de l’ex star de la série The Affair, Ruth Wilson. D’une extrême justesse, tout comme son partenaire à l’écran Domnhall Gleeson. Tous sont marqués par différents stades de traumatisme qui se marient admirablement avec les sons étranges d’une maison toujours plus bruyante. Aussi, The Little Stranger traite minutieusement, durant la majeure partie du métrage, de la lutte des classes sociales entre la classe ouvrière et les aristocrates de l’époque.
En bref ! Un film de maison hantée au mécanisme réfléchi, envoûtant de bout en bout, à la tournure énigmatique. Lenny Abrahamson rappelle James Ivory, et dépeint habilement le portrait d’une famille mystérieuse. Et même si le cinéaste irlandais met du temps avant d’arriver au dénouement, le processus et le mécanisme employés nous rappellent que l’intelligence dont il fait preuve nous prouve qu’Abrahamson fait partie des grands réalisateurs du moment.
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Commentaires
« La maison aux esprits »
Appelé au chevet d’une jeune domestique, le docteur Faraday revient à Hundreds Hall, lieu qui marqua ses rêveries enfantines. Mais le manoir a perdu tout son prestige. La famille Ayres, propriétaire du domaine, est à l’agonie, hantée par le souvenir des drames passés.
Une mère éplorée par la perte de sa fillette aimée. Un frère revenu de la guerre à moitié mort. Sa sœur, rongée par la solitude. Lourde est l’atmosphère qui embrume les âmes et les salons décrépits de Hundreds Hall.
Dans une ambiance toute britannique, le film avance sur un fil entremêlant le gothique, les fantômes et le fantasme. Si l’équilibre demeure fragile, l’histoire est suffisamment romanesque pour nous séduire. Elle conte une noblesse aux portes de l’extinction, mais dont l’apparat fascine toujours autant ceux qui la contemplent, le nez en l’air.
6.5/10
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Dernière modification il y a 6 ans
2.5: Chambre avec vue
1947: le docteur Faraday est appelé à la propriété de la famille Ayres, dont l'une des domestiques, Betty, a eu un accident bénin. Il ne se doute nullement que cette demeure a un lourd passé et son retour, 28 ans après que sa mère y ait travaillé, semble prendre une tournure fantomatique, le manoir étant apparemment hanté. Toutefois, le Docteur n'a d'yeux que pour Caroline qui elle, est préoccupée par l'état de son frère Roderick et de leur mère. Lorsque de nouveaux phénomènes mystérieux se produisent, Faraday se dit qu'un séjour prolongé ne serait pas une mauvaise idée.
Le retour du réalisateur de Room dont le synopsis rappelait un classique des années 1980 où un téléviseur s'avérait mauvais esprit? Voilà de quoi tenter l'expérience tout en ayant "à l'esprit" que Amenabar et Shyamalan étaient passés par la. Et c'est là que le bat blesse quelque peu: si vous cherchez un film d'épouvante où vous seriez accroché(e)s à votre fauteuil, vous risquez d'être désappointés car les frissons se comptent sur les doigts d'une main. Idem si vous vous attendez à une issue déroutante, vous serez largués, la chute étant inexistante et la réponse à l'énigme manquant d'effet surprise.
On pourrait donc se reposer sur les performances et décors impeccables, particulièrement Will Poulter, mais en recherchant une tension sonore et visuelle, l'on restera comme le climat: refroidi.
A vous de voir...… Voir plus
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