Un homme pressé France 2018 – 100min.

Critique du film

Puissant par le statut, faible par la santé

Sven Papaux
Critique du film: Sven Papaux

Non, il n’est pas question du morceau de Noir Désir. Le single très populaire de la formation française aurait-il inspiré Hervé Mimran ? Pas sûr du tout. Ici, un homme d’affaires incarné par un formidable Fabrice Luchini, joue sa santé au travail. L’homme cravache, trop, et sera la victime d’un AVC. Au réveil, la vie est bien différente ...

Les grands businessmen oublient leur propre santé au profit d’une productivité au travail presque inhumaine. Alain Wapler (Fabrice Luchini) voue corps et âme à son activité professionnelle de grand industriel dans le milieu automobile, et joue avec sa santé de plus en plus fragile. Mais le corps est toujours là pour vous rappeler votre bêtise. L’homme d’affaires va subir un AVC et n’en sortira pas tout à fait indemne. Il héritera de quelques troubles de la parole et de la mémoire.

Toujours est-il que Mimran a tissé une toile dont son principal personnage a du mal à s’extraire. Le dénommé Alain est en plein dedans, comme figé dans un piège que la vie lui a tendu. Un rappel à l’ordre qui a failli lui être fatal sans la présence d’esprit de son chauffeur. Une minute de plus et Alain aurait quitté la surface du globe. Un nouveau départ, mais avec son lot de surprises désagréables. C’est dorénavant avec de graves séquelles de langage que le retour sur terre s’amorce, en compagnie d’une orthophoniste, Jeanne (campée par une Leïla Bekhti en demi-teinte), avec qui il va nouer une amitié primordiale pour son développement.

Un Homme pressé traite d’un sujet grave, celui du surmenage. À force de courir après la montre, elle vous rattrape pour vous réduire en miettes. À partir de ce postulat, il n’est plus question de rire, mais le film aborde l’histoire par le prisme de l’humour. Nous assistons à un one-man-show de Fabrice Luchini impressionnant dans sa diction et dans son jeu généreux. Le rôle est d’autant plus difficile, car Luchini se joue des mots, les transforme et les mélange comme la victime d’une attaque cérébrale qu’il est. C’est là que le film use d’une trame comique efficace, comme celle d’inverser les lettres de chaque mot pour arriver à un résultat bien comique. “Psychopathe” pour “psychologue”, ou “Geneviève” pour “Genève”. Vous voyez le tableau ?

Grâce à la maîtrise du routinier Luchini, Un Homme pressé est attendrissant, malgré son moule préfabriqué de comédie dramatique française légèrement facile. Hervé Mimran ne cherche pas à réinventer le cinéma, certes, mais son traitement sans prétention le rend touchant, tout comme le personnage irascible d’Alain Wapler. Autour de lui, l’homme qui menait un train d’enfer fait planer un message : regarder ce qui vous entoure, vivre sa vie pleinement et profiter des siens.

En bref !

Grâce à la performance de Fabrice Luchini, Un Homme pressé reste un divertissement agréable. Touchant et drôle à la fois, Hervé Mimran explore le sujet sans prétention, et place quelques séquences bien senties.

15.05.2019

3

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Commentaires

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TOSCANE

il y a 5 ans

Déçue par le jeu de Fabrice Luchini qui nous sert une fois de plus son numéro. Aurait pu faire mieux comme parfois dans les films de François Ozon. Et puis, quand un type odieux devient meilleur et brave "grâce" à la maladie ou au handicap, je n'y crois pas. Et encore du cinéma avec la fille à papa et quelques images de la brillante et jolie jeune fille élève de Sciences-Po, l'école magique de la Rue St Guillaume. Un film trop parisien.Voir plus


Casper73

il y a 5 ans

Charmée
Tenter de ne pas être trop partiale va tenir de la gageure. Dans le rôle-titre, Fabrice Luchini nous offre un rôle où sa faconde va être mise à mal. Difficile pour notre amoureux des mots exquis de se mettre à l’ombre du scénario pour porter ce dernier à la lumière. Cependant, la magie opère.

Scénario adapté de l’autobiographie de Christian Streiff (caméo devant Pôle Emploi), L’homme pressé dévoile les tourments d’un manager qu’un AVC oblige à recalculer sa trajectoire. Aphasique, Alain, ne se relève de son attaque que pour constater qu’un mur de verre le sépare désormais de son entourage et de ses prérogatives. Après un bref alanguissement devant « le port de l’angoisse », Alain décide de reconquérir sa vie et ses fonctions. Il sollicite l’aide de Jeanne, orthophoniste, finement porté par Leïla Beikhti. Crapahutant sur les maux de ses phrasés difficiles, l’homme d’affaire va être. Avec un souffle de « Wild », sur le chemin de Compostelle, la vénusté de son langage va donner corps à une nouvelle âme.Voir plus


Eric2017

il y a 6 ans

Un Luchini Extraordinaire et crédible dans ce rôle, un scénario super bien écrit. J'ai souri et même ri en entendant les contrepèteries de Luchini alors que le sujet ne prête pas vraiment à rire. Mais j'avoue que devant la gravité d'un AVC ça m'a un peu détendu. Je dois également souligné l'écriture et le jeu de l'infirmier (Igor Goetesman) et de l'orthophoniste-Psychopathe(Leïla Bekhti) qui ont mis une touche supplémentaire de bonheur. Un excellent film français. (G-17.11.18)Voir plus


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