Un ennemi qui te veut du bien Italie, Suisse 2018 – 97min.
Critique du film
Une main lave l’autre
Entre les villes de Bari et Gstaad se dessine un manège comico-meurtrier. Un jour, Enzo Stefanelli, professeur d’astrophysique, sauve la peau de Salvatore, un tueur de la mafia. Reconnaissant, il souhaite lui rendre la pareille en lui proposant de dézinguer son pire ennemi. Le réalisateur Denis Rabaglia (Azzurro) nous livre un thriller et une comédie familiale noir corbeau à la mise en scène inspirée.
Selon les dires de l’expert, des ennemis, on en trouverait toujours et partout. Pourtant, le professeur Enzo Stefanelli prétend n’en avoir aucun et se révèle être un ami serviable. C’est arrivé comme ça : Enzo (Diego Abatantuono), un noble et éminent universitaire, découvre dans la rue un homme blessé par balle et qui ne souhaite avoir affaire ni à la police, ni aux hôpitaux. Le professeur le recueille, extrait la balle et requinque son hôte. Le lendemain, le “patient” et la voiture se sont envolés. Des adieux ? pensez-vous, le surlendemain matin la voiture est de retour, et l’homme, qui s'avère être un tueur de la mafia, souhaite récompenser le professeur pour ses bons et loyaux services ; en d’autres termes, on lui propose de descendre son pire ennemi.
Sauf que le professeur, lui, ne souhaite faire de mal à personne, et ça on s’en doutait un peu. Pourtant ce ne sont pas les candidats qui manquent : de la famille de sa mère, au frère, en passant par le petit-fils jusqu’au recteur et ses collègues, l’entourage grouille de mauvais vautours, de “suceurs de sang”, de profiteurs… Mais quand le charmant Salvatore “conquiert” sa fille, le professeur se laisse finalement convaincre pour un voyage à Gstaad.
Le long-métrage de Rabaglia a derrière lui une longue histoire. L’idée est née en 2004, du réalisateur polonais Krzysztof Zanussi, et ce n'est qu'en 2011 que Rabaglia reprend le scénario. Il le dira lui-même “C’est une situation dangereuse et moralement délicate traitée d’une manière amusante “. Mis en scène au coeur du romantisme hivernal de Gstaad, Un ennemi qui te veut du bien joue avec les clichés des films de gangsters et débouche sur un climax à la Agatha Christie.
Denis Rabaglia réussit une œuvre espiègle aux rebondissements étonnants. Un film brillamment porté par ses héros : le séduisant renard Antonio Folletto et le dindon Enzo Stefanelli. Cette coproduction italo-helvétique (Turnus Film Zürich avec Michael Steiger) se révèle être un bel intermezzo de cinéma. Sournoisement amusant.
Vous devez vous identifier pour déposer vos commentaires.
Login & Enregistrement