Voyage à Yoshino France, Japon 2018 – 110min.

Critique du film

Beauté plastique, récit futile

Sven Papaux
Critique du film: Sven Papaux

Jeanne rêve et recherche une plante médicinale très rare, appelée Vision. D’après les dires et les rumeurs, elle se trouverait au Japon, dans la forêt de Yoshino. Ni une ni deux, elle se lance dans une aventure qui la mène à Tomo, un garde forestier. Il se dit gardien des montagnes. Cette rencontre emmène Jeanne vers un passé vieux de 20 ans, celui du premier amour vécu par Jeanne, ici même à Yoshino.

Bercés dans un univers naturel et fascinant, entourés d’arbres et de l’énergie qu’ils dégagent, nous explorons la beauté que la nature nous offre. Une célébration, une contemplation nous ligotant langoureusement. On se laisse happer, on suit les yeux fermés Juliette Binoche dans sa quête de la plante rare. Sac sur le dos, accompagnée de sa traductrice, Jeanne (Juliette Binoche) lève les yeux au ciel, béate d’admiration. Sa rencontre avec Tomo (Masatoshi Nagase) soulève un flux d’interrogations. Sa venue n’est pas anodine, ni même la première. Un message plane au gré du vent, au gré des discussions toujours plus profondes et personnelles. Nébuleux mais intéressant, le propos commence à s’enliser dans les différentes pistes que Kawase tentent d’explorer.

On pense à Gus Van Sant avec Sea of Trees et ce chemin vers une vérité enfouie. Une entame d’une extrême beauté, toute en toucher et légèreté, avant de sombrer comme le Titanic. Un naufrage dans les règles de l’art. Voyage à Yoshino se veut philosophique, traitant des quatre éléments : feu, air, terre, eau. Le vent de la déconvenue souffle sur Juliette Binoche. On y perçoit un travail sur la décorporation de l’âme, le voyage de l’âme hors du corps, voire même un clin d’oeil au Livre des morts tibétains. On pense même à Platon et ses théories mortuaires. Mais rien de tout ça ne semble intéresser Kawase, malheureusement, qui perd de sa poésie et détruit toute son intrigue avec un épilogue tout bonnement catastrophique. Le propos dans sa finalité est bien plus fade que pensé. À force de se prendre pour Terrence Malick, la Japonaise perd sa méticulosité qui faisait mouche dans Shara, par exemple. Beauté plastique, certes, mais récit futile.

En bref !

L’esprit de Jeanne court après un passé et s’évanouit dans un immense trou noir d’incompréhension. Naomi Kawase dépeint une oeuvre aux apparences subtiles, nous baladant habilement et poétiquement la majeure partie du temps, avant de se trahir avec une fin incohérente, au non-sens indigeste. On serait tenté de dire : tout ça pour ça ?

20.02.2024

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