Mort sur le Nil Royaume-Uni, Etats-Unis 2019 – 127min.

Critique du film

Kenneth Branagh se glisse pour la deuxième fois dans la peau d’Hercule Poirot

Emma Raposo
Critique du film: Emma Raposo

Après moult reports dus à la pandémie, et au scandale entourant Armie Hammer, un des acteurs du film, on retrouve Kenneth Branagh devant et derrière la caméra pour une adaptation du roman phare d’Agatha Christie. Celui qui avait déjà porté sur grand écran Le crime de l’Orient-Express en 2017 s’attaque à Mort sur le Nil, toujours entouré d’un casting costaud.

Après avoir élucidé l’affaire de l’Orient-Express, le fameux enquêteur belge Hercule Poirot (Kenneth Branagh) n’a décidément pas une minute de répit. Alors qu’il se trouve en Égypte, il tombe sur un de ses bons amis, Monsieur Bouc (Tom Bateman) qui l’invite à se joindre à de somptueuses festivités en l’honneur du récent mariage de Linnet Ridgeway (Gal Gadot) et Simon Doyle (Armie Hammer). Le couple ne se sent pourtant pas en sécurité et craint de devoir renoncer à sa lune de miel.

En effet, il y a une ombre au tableau : l’ex-fiancée de Simon, Jacqueline de Bellefort (Emma Mackey), détruite par sa rupture avec ce dernier, harcèle les mariés et les suit dans leurs moindres déplacements. Afin de semer l’intrigante, Linnet et Simon décident de partir en croisière sur le Nil à bord du Karnak, un luxueux bateau à vapeur, en compagnie de tous leurs amis. Poirot est de la partie en tant qu’invité, mais bien vite les choses dégénèrent forçant le détective à reprendre du service : la lune de miel tourne au cauchemar lorsqu’un meurtre est commis à bord du navire.

Kenneth Branagh s’est appliqué ! Il a voulu en mettre plein la vue et esthétiquement parlant, c'est plutôt réussi. Mort sur le Nil ne fait pas dans la modestie, et mitraille de plans grandioses. Il faut dire que l’Égypte et ses paysages s’y prêtent bien. Quoi de plus cinématographique qu’un lever de soleil derrière les majestueuses pyramides ou sur les eaux légendaires du Nil ? Alors, il en use et en abuse. Le réalisateur nous balance pléthore de plans baignés dans la lumière orangée de l’aube égyptienne, donnant au film un ton chaud, et contrastant avec le drame qui se joue. Alors oui, c’est beau à regarder. Les décors sont spectaculaires, les costumes magnifiques, et le coquet casting, composé autant de comédiens chevronnés que de nouveaux venus tels que Gal Gadot, Armie Hammer, Emma Mackey, Annette Bening, Tom Bateman, Russell Brand, Rose Leslie, ou encore Letitia Wright, participe à cet état un peu jouissif de regarder à nouveau, et ça faisait longtemps, un bon vieux « whodunit » dans la plus pure tradition du genre.

Mais Mort sur le Nil à la sauce 2022 n’a justement de réellement passionnant que son immersion dans un film à l’ancienne, avec toute la panoplie des métrages de grand divertissement. Car, si vous avez lu le roman éponyme d’Agatha Christie, ou vu la première adaptation sur grand écran en 1978, le mystère n’est plus si insoutenable que ça en visionnant le remake proposé par le cinéaste irlandais. Reste que le métrage, écrit par Michael Green déjà scénariste de Le crime de l’Orient-Express, est beau, soigné, carré même, pour ne pas dire scolaire. Et parmi toute cette poudre aux yeux, on ne peut s’empêcher de se poser la sempiternelle question : était-ce vraiment utile de faire un remake ? Le film apporte-il réellement quelque chose de nouveau outre une rénovation esthétique indéniable ? Pas sûr que la proposition de Kenneth Branagh soit assez audacieuse pour nous permettre de répondre par l’affirmative.

07.02.2022

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Commentaires

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CineFiliK

il y a 2 ans

“La maladie d’amour”

La riche héritière Linnet Ridgeway et son époux Simon Doyle célèbrent leur lune de miel en Égypte entourés de quelques proches. Mais la présence inattendue de Jacqueline de Bellefort, fiancée éconduite de Simon, menace les festivités. Le couple demande à Hercule Poirot, invité de dernière minute, de bien vouloir veiller sur leur bonheur.

L’amour est parfois un jeu dangereux. Il y a celui qu’on affiche avec orgueil lors d’un mariage fastueux et celui que l’on dissimule discrètement derrière la porte d’une cabine. L’amour peut rendre aveugle et sourd et faire perdre la raison au point de pousser au crime les plus épris. Kenneth Branagh transforme son navire en « love boat », sans pour autant que la croisière s’amuse. Long fleuve intranquille, la passion sacrifie les amants et les momifie. Poirot n’est pas en reste. Derrière sa fameuse moustache se cache aussi un cœur brisé.

S’il respecte le Cluedo mis en place par la reine anglaise du roman policier, l’acteur britannique ne convainc toujours pas en détective belge. Dans une première scène de guerre totalement inventée, parmi une distribution francophone, l’accent incongru du comédien perturbe. Puis, confronté au bilinguisme parfait d’Emma Mackey, il ne peut qu’être ridicule. Sa réalisation abuse également de l’épate numérique. Les mouvements de caméra sophistiqués s’enchaînent. Quant aux couleurs saturées du ciel, des temples et du Nil, elles font de l’Égypte une carte postale bien artificielle. Malgré son luxe affiché, le voyage ne parvient pas à emporter le spectateur et finit par le laisser à quai.

(5.5/10)Voir plus

Dernière modification il y a 2 ans


Eric2017

il y a 2 ans

Qu'un mot à dire SOMPTUEUX ! Branagh m'avait déjà épaté avec son adaptation du Crime de l'Orient Express et là il excelle. Il a parfaitement adapté ce roman et avec un très bon casting. Même déjà vu avec Peter Ustinov ou David Suchet, cette nouvelle adaptation est vraiment excellente. (F-12.02.22)Voir plus


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