Duelles Belgique, France 2019 – 97min.
Critique du film
Housewives désespérées
Adapté du roman « Derrière la haine » de Barbara Abel, Duelles est le troisième long-métrage du réalisateur belge Olivier Masset-Depasse. Thriller psychologique sur fond de drame familial, le film raconte comment l’amitié entre deux meilleures amies va être mise à l’épreuve à la suite d’un tragique événement.
Un paisible quartier de banlieue, dans les années 1960. Céline (Anne Coesens) et Alice (Veerle Baetens) sont les meilleures amies du monde et vivent l’une à côté de l’autre dans de belles demeures avec leurs maris respectifs. Tout aussi complices, leurs garçons ont le même âge et passent la majeure partie du temps à jouer ensemble dans le jardin. Mais un jour, un dramatique accident vient bouleverser le quotidien de ces deux familles et envenimer à jamais la relation entre les deux amies.
La tragédie familiale, dépeinte ici par Olivier Masset-Depasse, se transforme rapidement en un thriller psychologique aux allures hitchcockiennes. Mentalement fragile, Alice va progressivement se mettre à douter de la sincérité du dévouement de Céline après l’accident, nous entraînant ainsi dans son délire et sa paranoïa. Le spectateur ne sait alors plus qui croire et suit la dégradation de la relation entre ces deux femmes avec passion et intérêt.
Cette constante ambiguïté dans laquelle nous sommes plongés provient aussi du savant mélange entre la noirceur du propos et la beauté du visuel. Difficile d’imaginer en effet que ces parfaites housewives, toujours exquisément habillées et bien coiffées, soient capables d’actions aussi horribles. Véritables atouts du film, les comédiennes belges Anne Coesens et Veerle Baetens retranscrivent à merveille cette ambivalence en livrant de subtiles performances. Les couleurs chaudes des images et le soin apporté aux décors renforcent également ce contrepoint esthétique, tout comme l’ambiance anxiogène du huis-clos conférée par la mise en scène théâtrale d’Olivier Masset-Depasse.
Néanmoins, on regrette que le long-métrage ne soit pas parvenu à maintenir cette mystérieuse atmosphère sur l’ensemble de l’œuvre. La dernière partie consiste en effet et surtout en un enchaînement d’événements rocambolesques qui manquent souvent de finesse. En témoigne l’utilisation abusive des violons qui ont parfois tendance à trop appuyer les scènes. Cette soudaine accélération de l’intrigue permet, certes, de maintenir le récit à un rythme solide, mais elle entraîne une perte de sophistication qui nous fait quitter la séance avec un sentiment un peu amer.En bref !
Doté d’une histoire captivante joliment mise en scène et d’un sublime duo d’actrices, Duelles joue parfaitement sur la manipulation et le suspense en dépeignant avec subtilité les changements dans la relation entre ces deux mères de famille fusionnelles. Dommage toutefois que le long-métrage soit plombé par un final nettement en deçà du reste de l’œuvre.
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