Hellboy - Call of Darkness Etats-Unis 2019 – 120min.

Critique du film

Guillermo revient !

Lino Cassinat
Critique du film: Lino Cassinat

Hellboy est un personnage de comics au parcours cinématographique singulier. Avant le présent film, Guillermo Del Toro avait lui-même réalisé deux Hellboy, tous les deux très bons mais aux succès très modestes au box-office, ce qui l’a empêché de réaliser un troisième film comme il le souhaitait. Hellboy de Neil Marshall est donc un reboot, et compte bien s’appuyer sur la désormais écrasante popularité des films tirés de comics pour se lancer.

Hellboy est un enfant démon invoqué par les Nazis lors de la Seconde Guerre mondiale. Recueilli et élevé par le professeur Bruttenholm, il a grandi et se bat de nos jours contre les menaces paranormales avec l’aide de l’agence gouvernementale BPRD. Mais son prochain affrontement contre Nimue, La Sorcière de Sang, pourrait avoir de graves conséquences.

Sauf que ce projet risque fort d’être contrarié par Hellboy lui-même. Sabotée semble-t-il par ses producteurs et acteurs, passée au lance-flammes par la critique américaine, atomisée ensuite par le public, l'œuvre nous parvient cabossée et précédée d’une réputation absolument calamiteuse. Et sans exagérer, il ne faut pas plus de 15 secondes et une vanne de la voix-off d’introduction pour que, non seulement cette réputation se vérifie, mais qu’en plus on la trouve encore trop conciliante avec ce qui s’annonce comme le pire blockbuster de 2019.

Hellboy aurait pu se contenter de n’avoir aucune âme et de juste servir une soupe classique sans envie. Mais plutôt que d’essayer de se faire oublier et de raser les murs, Hellboy tente de compenser sa monstrueuse fumisterie en vociférant et en s’agitant n’importe comment et dans tous les sens. En résulte un design sonore agressif et pénible, un humour gras et lourdingue et un travail visuel immonde.

Autant de preuves visibles que le film n’a clairement pas été fait avec le cœur, que cela soit du fait de Neil Marshall ou non, mais plutôt avec cupidité et veulerie, et en sus, une absence totale de compétence et de savoir-faire, notamment en ce qui concerne le récit, qui donne le sentiment d’être improvisé au fur et à mesure que les séquences s’enchaînent. De ce fait, les personnages sont au mieux des archétypes clichés et au pire des coquilles vides agissant en dépit du bon sens.

Hellboy est donc totalement dépourvu de personnages et d’histoire. En lieu et place, le spectateur est cerné et assailli par une avalanche d’effets spéciaux affreux (particulièrement sur les nombreuses giclées de sang), une direction artistique miteuse (le couvre-chef de Alistair Petrie risque d’humilier l’acteur pendant longtemps), David Harbour (Stranger Things) qui hurle toutes ses répliques, de gros accords de métal, ou encore une blague-rot, un gag-vomi, une vanne-baiser baveuse.

Hellboy est une expérience proche de l’épreuve physique ou du test d’endurance, surtout pour les oreilles. Un peu comme si Carlo Crado avait réalisé un film-instrument de torture psychologique pour la CIA. Mais y avait-il autre chose à espérer de la part d’un blockbuster dont le narrateur affirme littéralement à sa première réplique que l’histoire, “on s’en fout” ?

En bref !

Fait sans envie mais avec un mauvais goût certain, Hellboy est un ratage dans les grandes largeurs.

08.05.2019

1.5

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