Hors Normes France 2019 – 117min.

Critique du film

Extras et ordinaires

Lino Cassinat
Critique du film: Lino Cassinat

Depuis le succès massif d’Intouchables, Olivier Nakache et Eric Toledano règnent en maîtres sur tout un pan du cinéma français ; celui d’une forme de comédie sociale pleine de bons sentiments, dont les détracteurs lui reprochent d’être consensuelle et inoffensive en plus de ne pas toujours être très délicate. Hors Normes pourrait, peut-être, changer cette image.

Bruno et Malik vivent depuis 20 ans dans un monde à part, celui des enfants et adolescents autistes. Au sein de leurs deux associations respectives, ils forment des jeunes issus des quartiers difficiles pour encadrer ces cas qualifiés "d'hyper complexes". Une alliance hors du commun pour des personnalités hors normes.

Le film est à la fois un film somme de ce que le duo de réalisateurs nous a produit jusqu’à présent, et en même temps un premier pas assez réussi vers quelque chose d’autre et d’un peu meilleur. Marketé comme une comédie, si Hors Normes fait régulièrement sourire, le film est un drame social pur avec un sujet dur (ici, les cas d’autisme extrême) ; de sa première séquence-générique claustrophobe et paniquée à la dernière scène éprouvante du personnage interprété par Vincent Cassel.

Si la mécanique d’écriture du duo n’a pas changé, son ton a quelque chose de plus alarmé. La fin en suspens du film viendra confirmer d’ailleurs que l’objectif d’Hors Normes n’est pas du tout le même que celui des films précédents. Et contre toute attente, ce surplus de drame dans le cinéma un peu prêchi-prêcha d’Olivier Nakache et Eric Toledano vient apporter de la fraîcheur et de la vivacité à leur propos, alors qu’on le voyait l’alourdir encore.

Alors, Hors Normes n’évite pas quelques scènes à la naïveté forcée, au naturalisme dissonant ou encore quelques emportements dignes des élucubrations de Francis Lalanne à chaque veille de scrutin. Mais c’est bien ce regain de gravitas, cet air de dire « attendez, on rigole mais en fait il y’a vraiment le feu » qui donne de la puissance au film. Hors Normes est un film qui ne prend jamais son public de haut malgré sa posture morale.

Sans changer de forme, l’humour a drastiquement changé de nature. On rit pour faire oublier qu’il est sur la brèche et que l’échec de ses personnages serait une catastrophe. C’est la première fois qu’Olivier Nakache et Eric Toledano parviennent à utiliser l’humour non pas comme contrepoint, mais comme vecteur du drame, et la fusion est globalement réussie.

Bien sûr, on signifie par là que le film n’est pas parfait. Hors Normes s’appuie, par exemple, un peu trop sur l’énergie de ses comédiens, tous plus parfaits les uns que les autres, des vétérans aux nouveaux venus. Le montage accuse parfois quelques paresses, notamment dans les scènes comiques, et certains effets de style sont un peu lourdingues. Mais le film réussit à la fois à être l’agrégat de tout ce que ses réalisateurs savent faire de mieux, tout en étant la promesse que leurs défauts vont se résorber. Et s’il faut choisir entre ce versant là de la comédie populaire française ou la kyrielle de pantalonnades bouffonnes et rances du type de Qu’est ce qu’on à encore fait au Bon Dieu, on est prêt à pardonner beaucoup de choses à cette lettre d’intention nouvelle et un peu maladroite parce que trop humaniste.

En bref !

Hors Normes a un souffle un peu trop emporté, mais indéniablement un souffle qui aère l’esprit.

17.09.2019

3

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Commentaires

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CineFiliK

il y a 4 ans

“Les différents”

Où placer les enfants autistes et violents que les institutions officielles refusent de prendre en charge ? Bruno et Malik les recueillent dans leurs associations La Voix des Justes et L’Escale.

Une adolescente affolée décampe dans les rues de Paris. Elle bouscule sans ménagement certains badauds. Est-ce une victime cherchant à échapper à ses bourreaux ? Une voleuse coupable d’un délit grave ? C’est une malade qui fuit ses fantômes. Quant à ses poursuivants qui finissent par la clouer au sol, ce sont ses référents.

Les intouchables Nakache et Toledano se lancent un nouveau défi : mettre en lumière les solutions d’accueil fragiles des cas d’autisme aggravé : « Il y a ceux qui ne nous voient et ne nous entendent plus, puis il y a les autres, rares », déplorent les familles. Alors que l’Etat semble avoir renoncé à son rôle protecteur, des collectivités non assermentées prennent audacieusement le relais. Bienveillantes, elles forment et engagent des jeunes en marge pour s’occuper des malades. Oubliées les différences de couleur ou de religion, se réunissent deux populations hors normes en quête d’intégration. Malgré le manque de moyens et les hésitations, les résultats sont plus que prometteurs.

Le film joue la carte de l’émotion avec quelques facilités parfois dans ses élans les plus dramatiques et comiques. Alternant le léger et le grave, il trouve néanmoins un équilibre enjoué grâce à son duo d’acteurs qu’entourent de vrais aidants et malades. Sur un ton juste, Vincent Cassel et Reda Kateb font plus que convaincre.

7/10Voir plus

Dernière modification il y a 4 ans


TOSCANE

il y a 4 ans

Poignant. Un coup de poing au coeur. Tout est vrai, hélas ! Et me voici réconciliée avec cet acteur dont j'ai dit beaucoup de mal ici ....


marylou_allenspach

il y a 5 ans

Un coup au cœur! On avait de la peine à parler après le film tellement on était bouleversés.

Dernière modification il y a 5 ans


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