It Must Be Heaven Canada, France, Allemagne, Palestine, Qatar, Turquie 2019 – 102min.
Critique du film
Le présent n’est pas si plaisant
It Must Be Heaven est une des dernières retombées remarquées de Cannes 2019, où il concourait pour la Palme d’Or mais n’a reçu que le prix FIPRESCI. Réalisé par Elia Suleiman, le film est pourtant une remarquable aventure aussi loufoque qu’incisive sur l’ordre, droit dans l’esprit d’un Jacques Tati.
It Must Be Heaven est un film meta dont Elia Suleiman est le réalisateur mais aussi le personnage principal. Il y incarne Elia Suleiman, un réalisateur palestinien en quête d’idées pour son prochain film. Au cours de ses voyages pour présenter son nouveau scénario à des producteurs du monde entier, il rencontre le même problème que chez lui : qu’il soit à Paris, Montréal, ou New-York, que ce soit par sympathie ou par cynisme, il est constamment réduit à sa simple identité palestinienne.
Ce qui est véritablement un comble pour un réalisateur se revendiquant certes palestinien, mais de religion chrétienne, d’ethnie arabe et de nationalité israélienne. Soit un joyeux sac de noeuds contradictoires, si tant est que de telles catégorisations importent vraiment dans le contact que l’on a avec un autre être humain ; contact physique en face à face ou artistique, via un film par exemple.
C’est parce qu’il parvient à porter toute cette pseudo-logique identitaire à l’écran qu’ It Must Be Heaven est brillant. À l’image d’une scène jubilatoire où quatre policiers poursuivent une manifestante pro-palestinienne en plein New-York sous les yeux du personnage Elia Suleiman alors qu’ Elia Suleiman le réalisateur accompagne malicieusement cette scène du ronronnement du chanteur canadien de religion juive Leonard Cohen, le monde d’ Elia Suleiman est un sacré bordel.
Un bazar sur lequel l’Homme entend régner en devenant comme maître et possesseur de la nature selon la formule consacrée, c’est à dire en imposant de l’ ‘ordre’, policier pour ceux qui résistent, catégoriel pour la plupart - l’identité étant une de ces catégories, d’autant plus injuste que les autres qu’on ne retient toujours que la composante plus sulfureuse de toutes, comme par exemple avec le chanteur canadien juif et zen Leonard Cohen... ou avec Elia Suleiman, palestinien arabe chrétien israélien.
À la vérité, si Elia Suleiman s’amuse à parsemer son film d’éléments perturbateurs pour malmener ces ordonnancements du monde, que visiblement il déteste, il y oppose également en creux une forme de lassitude touchante. Elia Suleiman est un conteur empêché, qui aimerait raconter la vérité du monde tel qu’il le pense - parfaitement illustrée par la dernière image du film, une jeunesse mélangée en pleine danse - mais à qui on oppose que les histoires humaines qu’il entend raconter ‘ne sont pas assez palestiniennes’, ou que vouloir faire un film comique sur la paix au Moyen-Orient ‘est déjà une blague’. Sans ressentiment, voilà les arroseurs bien arrosés.En bref!
It Must Be Heaven est un film drôle et décalé, un éclatant appel humaniste brillant de simplicité.
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Commentaires
“Paradis perdus”
Le cinéaste palestinien quitte sa terre natale pour des contrées qu’il imagine plus sereines. Mais que ce soit en France ou aux États-Unis, ce qu’il y découvre semble plus inquiétant encore qu’un pays en guerre.
Ah Paris, ses terrasses de cafés, ses parcs séculaires et ses élégantes qui défilent au ralenti comme sur un podium. Le bonheur à portée de regard ? Mais la police rôde à chaque coin de rues, les avions de chasse enfument le ciel et les tanks défilent sur l’avenue. L’ambiance est à la paranoïa et au chacun pour soi. New York ne fait guère mieux en dotant chaque citoyen d’une arme automatique ou en coursant dans les parcs les anges déchus. Le monde est un paradis perdu. Alors on sort pour oublier tous les problèmes, alors on danse.
Témoin privilégié et silencieux de cette société malade, Elia Suleiman incarne un doux mélange de Droopy, Buster Keaton et Jacques Tati réunis. Les saynètes qu’il propose, décousues et parfois trop étirées, se teintent d’une poésie amusante, tout en laissant le grinçant s’immiscer. Une approche détournée du conflit qui ne semble pas convaincre ses producteurs… à l’écran.
6.5/10… Voir plus
Dernière modification il y a 4 ans
Emboîtant le pas à la grande tradition des Buster Keaton et Jacques Tati, Elia Suleiman réussit un film poétique et drôle avec un arrière-fond qui l'est beaucoup moins, celui de la cause palestinienne. C'est extrêmement rafraîchissant de suivre un film dans lequel le rythme suit une respiration lente et où le silence occupe une place aussi importante que le parole.… Voir plus
Traduction anglaise de la chanson principale:
I dream with you .. of a ship
and a harbour .. to anchor us
and sail again
the wind resists ..and i found you
in your eyes .. and your hands
my shore and my wishes
the whole world
with its secrets
living with me
living inside me
as long as you're .. in the journey with me
my name and your name .. my dear
my town .. and my story
my home and my roving
the whole world
with its secrets
living with me
living inside me
as long as you're .. in the journey with me
https://lyricstranslate.com… Voir plus
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