La fameuse invasion des ours en Sicile France, Italie 2019 – 82min.

Critique du film

Narration foisonnante au milieu des plantigrades

Sven Papaux
Critique du film: Sven Papaux

Après les festivals de Cannes, Annecy et Angoulême, La fameuse invasion des ours en Sicile de Lorenzo Mattotti, tiré d’un livre pour enfants de Dino Buzzati, débarque enfin sur nos écrans. Une animation et une histoire rafraîchissantes.

Tonio, le fils du roi des ours, disparaît, enlevé par les chasseurs dans les montagnes de Sicile, alors le roi Léonce décide d’envahir la plaine où habitent les hommes. L’armée d’ours autour du roi, un magicien comme partenaire, Léonce retrouve son fils prodige. Mais bientôt le roi comprend que les hommes et les ours ne peuvent cohabiter…

Thomas Bidegain, Jean Luc Fromental et Lorenzo Mattotti forment le trio derrière ce scénario enchanteur et touchant. Dans une veine bien différente d’un film tel qu’Abominable (cette semaine aussi sur nos écrans), le dispositif d’animation est coloré, rafraîchissant, visuellement d’un genre suranné, mais diablement efficace. Une esthétique semblable à La Tortue rouge, et c’est bien normal, Prima Linea est le studio derrière ces deux films. Intégration, cohabitation et pouvoir sont les thématiques effleurées par Mattotti, mélangées à un hommage appuyé à la commedia dell’arte. La structure du livre est reprise telle quelle par Mattotti, illustrateur et dessinateur de bande-dessinée, tout en y ajoutant de nouveaux narrateurs. Dans une grotte, où un ménestrel et sa fille tombent nez à nez avec un ours, l’histoire nous est décortiquée en deux parties: par le ménestrel et ensuite par l’ours.

La dangerosité des montagnes, deux espèces différentes et dans l’impossibilité de cohabiter. L’hommage au théâtre à l’italienne, si lumineux, se construit en conte moral, où le pouvoir inspire les vicissitudes. Hormis le message, certaines scènes sont d’une splendeur, comme ces retrouvailles entre Léonce et son mentor décédé, dorénavant fantôme qui lui décrit le passage fatidique de la mort. La fameuse invasion des ours de Sicile illustre ce que l’animation a de beau à conter: émotions à foison et décors sublimes, couleurs vives et sombres conjuguées.

Un film à l’esthétique impeccable, où les ombres et les dessins géométriques puisent leur profondeur dans un jeu habile sur les ombres. 5 ans pour terminer et adapter l’œuvre, réputée inadaptable, de Dino Buzzati parue en 1945; Lorenzo Mattotti signe un joli conte doublé d’une animation en marge des standards contemporains. Voulue comme une œuvre intemporelle par son auteur, L’invasion des ours en Sicile grimpe en intensité dans sa seconde partie, versant davantage sur le tragique, et explore pleinement la beauté du récit.

En bref!

Visuel saisissant pour une œuvre intemporelle. Lorenzo Mattotti signe un film, parfois bavard, mais d’une excellence esthétique évidente, sur la cohabitation délicate entre les espèces.

08.10.2019

4

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Commentaires

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lnde3

il y a 5 ans

Un graphisme époustouflant, des personnages attachants et un vrai travail artisanal d’animation sur un classique de Buzzati


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