Le voyage du prince France, Luxembourg 2019 – 79min.
Critique du film
L’Homme, un singe comme les autres
Suite indirecte du Château des singes, Le voyage du prince s’insère dans le même univers que le long-métrage animé de Jean-François Laguionie sorti en 1999. Le réalisateur français s’associe cette fois à Xavier Picard pour nous livrer un conte philosophique dans lequel des singes issus de de deux univers différents se rencontrent, s’apprivoisent et cherchent à se comprendre.
Après un long voyage, un vieux prince s’échoue sur une rive inconnue. Il est retrouvé par Tom, un jeune singe qui l’emmène chez ses parents, un couple de scientifiques rejetés par l’Académie à cause de leurs thèses émettant l’hypothèse de l’existence d’autres peuples. Réticent dans un premier temps, le prince se lie d’amitié avec Tom qui lui fait découvrir sa ville et sa civilisation, si différentes du royaume d’où il est originaire, dans l’espoir qu’une possible cohabitation puisse avoir lieu.
« Toute ressemblance entre les hommes et les singes de mon film serait purement fortuite », nous dit Jean-François Laguionie. Le réalisateur en profite pourtant pour aborder la condition humaine au travers de ses personnages aux traits simiesques. Ils ne sont que prétextes pour analyser ce qui fait de nous des hommes, pour comprendre les rouages de la communication, appréhender la peur de l’autre ou comparer différentes organisations sociales.
Une démarche philosophique, certes intéressante, mais qui se révèle toutefois complexe, en particulier pour les jeunes spectateurs qui n’arriveront probablement pas à en déjouer tous les codes. La faute sans doute aux trop nombreuses thématiques développées dans le long-métrage qui ont tendance à s’éparpiller. Mais la réflexion autour de la découverte d’autres civilisations, des enjeux qu’elle entraîne et de la confrontation des points de vue s’avère être peut-être l’élément le plus abouti du film, qui insiste également sur le combat qu’il faut mener contre l’ignorance qui est à l’origine de la peur.
De la même manière, la qualité de l’animation s’avère plutôt remarquable, d’autant qu’elle fait appel à plusieurs techniques mêlant animation traditionnelle et images numériques. La cité de Tom, inspirée des œuvres de Gustave Doré et d’Honoré Daumier, s’apparente à une ville datant de l’époque industrielle où le gris prédomine, tandis que le royaume du prince, aux accents de Renaissance italienne, apprivoise doucement les couleurs chaudes. De jolis moments qui offrent un voyage visuel envoûtant et intrigant. En bref!
Visuellement abouti et élégant, Le voyage du prince pêche un peu par sa portée philosophique, parfois trop complexe, qu’il cherche à développer. Malgré tout, le film d’animation permet d’aborder avec beaucoup de justesse la rencontre et la confrontation entre plusieurs civilisations qui partagent des points de vue différents sur le monde qui les entoure.
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