Les Vétos France 2019 – 100min.
Critique du film
Au coeur du Morvan, les souvenirs brûlés
Un duo de vétérinaires prenant soin des bêtes. Nico et Michel font la paire, mais l’un des deux va mettre la flèche, cédant aux sirènes de la retraite. La remplaçante n’est autre que la petite fille de Michel, Alexandra, campée par Noémie Schmidt.
Le Morvan et son paysage rural, ses champs et sa clinique vétérinaire. Nico (Clovis Cornillac) et Michel (Michel Jonasz) sont les derniers vétos du coin, couvrant une superficie sur des dizaines de kilomètres. Un jour, Michel décide d’arrêter et de mettre les voiles. Mais il ne laisse pas sa place vacante, la relève est déjà prête: Alexandra (Noémie Schmidt), fraîchement diplômée et aussi brillante que caractérielle. La jeune fille n’est pas une inconnue du village, elle y a passé son enfance. Et à présent, c’est un endroit qu’elle ne veut même plus voir en peinture…
On avait laissé Noémie Schmidt dans cette mélasse aperçue sur Netflix, intitulée «Paris est à nous». À présent dans le milieu rural, «au cul des vaches» comme les habitants se plaisent à le dire, elle enfile le costume de vétérinaire. Un village qu’elle ne porte pas dans son coeur, confrontée au machisme des habitants, à l’âpreté du milieu paysan. Un statut d’enfant du coin qui renie ses origines - désormais elle vit à Paris -, qui exècre le milieu d’où elle vient. Mais pourquoi ? La question nous taraude.
Julie Manoukian, pour son premier long-métrage, s’intéresse à la difficulté des vétérinaires débordés, presque isolés dans le milieu rural. À l’image des médecins généralistes, il y a une pénurie, personne ne veut sauter le pas, se risquer à s’enfermer dans un village où le temps défile plus lentement. C’est en ça que Les Vétos démoule sa première bouture pour enfin braquer ses lumières sur Alexandra, la nouvelle venue, la jeune fille au franc-parler. L’hostilité des clients ne font que la pousser un peu plus, la motivant à garder le cap pour faire sa place - même si son séjour est compté. Les villageois, peu enclins à la venue d’une toute jeune vétérinaire, décide même de lancer une pétition pour la bouter hors de leur petit patelin. Loin la jeunesse, laissez les ancêtres régner.
Pourtant, cette animosité Alexandra va en faire son cheval de bataille: faire face à ses hommes et repousser ses propres limites. Alors que son nouveau job l’attend à Paris, que son coloc lui fait du pied pour revenir au bercail, elle va retraverser son enfance, ses fêlures, courir à travers-champs avec le spectre de sa défunte mère. « J’ai gardé les mauvais souvenirs plutôt que les bons. » Cette phrase, cette suite de mots adressée à son village qui l’a vue grandir représente l’essence du film.
Les Vétos suit la lignée de films sur le milieu rural qui ont obtenu un joli succès dans les salles. Après Petit Paysan ou encore Au nom de la terre, Manoukian s’attaque à ce milieu, aux souvenirs brûlés par le deuil. N’ayant pas la même justesse qu’un Petit Paysan, la même dramaturgie qu’ Au nom de la terre, Les Vétos demeure trop sage, dénué d’originalité. Comédie dramatique à la romance prévisible des kilomètres à la ronde, à l’épilogue aussi visible que le nez au milieu de la figure, Les Vétos est inoffensif, statique, sans palpitation aucune, mais avec une âme, un retour sur une enfance écorchée. Loin d’être une oeuvre majeure, il réside en surface une pointe de tendresse (légère), assez profonde pour fonctionner.En bref!
Sans convaincre pleinement, Les Vétos s’en sort grâce à son sous-texte, ses souvenirs douloureux. Rien de transcendant, sans la moindre originalité, mais une dose de tendresse bienvenue.
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Commentaires
Un film sans surprises mais une vraie bouffée d'air frais. Cornillac est totalement convaincant. La nature, les animaux, la vie d'un petit village, la vie d'une région, l'ensemble est convaincant et montre la difficulté d'exercer un tel métier en campagne.Bravo pour ce film où l'on ne s'ennuie pas. (G-12.01.20)… Voir plus
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