Mon chien stupide France 2019 – 106min.

Critique du film

La stupidité affectueuse

Sven Papaux
Critique du film: Sven Papaux

Nous avions laissé Yvan Attal dans un monde futuriste, dans la série Ad Vitam. Retour derrière la caméra ainsi que devant, avec sa femme, pour camper un écrivain éreinté. Comédie dramatique délicate, adaptée du roman de John Fante.

Henri (Yvan Attal), écrivain et auteur d’un best-seller il y a 25 ans. Depuis? Le néant, la grande chute. Des scénarios pourris, des bouquins assassinés par la critique et… des enfants. L’origine de ses maux: une famille envahissante. Une femme, Cécile (Charlotte Gainsbourg), et 4 enfants tous au bercail. L’inspiration lui manque, la joie n’y est plus. Henri cherche à se débarrasser de tout ce ramdam; les responsables de ses échecs successifs. C’est là qu’intervient Stupide, un chien baveux et mal élevé, pour dynamiter un couple au ciment ramolli. L’amour explose en mille morceaux, Henri avec.

Les mots dépassent la pensée. Henri, grisonnant, les lunettes glissant sur son nez, les yeux fatigués. Cécile, aspirateur à vin blanc et grande adepte des antidépresseurs; le cocktail détonnant d’un couple enfermé dans une routine lourde et désabusée. Autour gravite un quatuor d’enfants aussi barrés que les parents. De l’intellectuel au fils qui s’entiche d’une stripteaseuse, les rejetons ont droit au chapitre, droit de constater que leurs parents ne sont que l’ombre d’eux-mêmes. Constat saisissant que tire Yvan Attal à travers une œuvre qui s’équilibre dans un habile dosage de comédie et de mélancolie. Drôle et touchant. Yvan Attal a la mine des jours de famine, la répartie acérée et mesquine, et s’emmure dans ses pensées d’autrefois, ses rêves évanescents. Une belle partition devant et derrière la caméra proposée par Attal, bien inspiré de rester très en retenue.

Persévérant dans une thématique qui lui tient à cœur: la routine et les failles du couple; la mécanique de la vie à deux. La fragilité de Mon chien stupide réussit à vous embarquer délicatement, tendrement. En toile de fond, le mal-être et l’angoisse de sentir que la vie est derrière soi. Le passé pour châtiment psychologique. Henri, se fissurant avec les années, se défend grâce à sa langue de vipère, en réaction à son vide existentiel. Amour destructeur, si beau quand tout fonctionne, si dévastateur quand rien ne va. À l’image de Chambre 212 de Christophe Honoré, le temps ne panse pas les plaies, il les accentue.

En bref!

Yvan Attal et Charlotte Gainsbourg réussissent quelque chose de touchant, incarnent cette ligne tendue vers la vieillesse. Une tentative d’accès au bonheur qui vire au déclin et à la solitude.

25.10.2019

3.5

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Commentaires

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CineFiliK

il y a 4 ans

“Ma femme et mes enfants, j’abhorre”

Cela fait 25 ans qu’Henri Mohen n’a plus écrit quoi que ce soit de convenable. L’ancien essayiste à succès est en panne sèche. Il accuse sa femme et ses enfants d’être à la source de son manque d’inspiration. Quand un soir de pluie débarque dans le jardin un gros chien noir.

Il a de quoi perdre patience face à sa smala dysfonctionnelle : une épouse qui noie avant midi son mal-être dans le Prozac et le vin blanc, ainsi que 4 sales gosses fainéants, idiots et irrespectueux. Pas étonnant que l’homme dépressif leur préfère une bête informe, baveuse et obsédée qui elle n’hésite pas à aller au bout de ses pulsions.

Yvan Attal s’amuse et nous avec à désacraliser la sainte famille. Il pousse le vice à faire jouer Charlotte, son aimée, et leur propre fils. Les méchancetés fusent dans une première partie qui fait preuve de mordant. Dommage qu’il muselle son cynisme pour jouer au final la carte du tendre.

7/10Voir plus

Dernière modification il y a 4 ans


Eric2017

il y a 5 ans

J'ai beaucoup aimé ce film fait d'une très grande authenticité. Le duo Gainsbourg-Attal fonctionne à merveille. Un film drôle mais surtout très émouvant. J'ai passé un excellent moment et je suis ressorti avec quelques réflexions... (G-31.10.19)


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