Nuestras madres Belgique, France, Guatemala 2019 – 78min.

Communiqué de presse

Nuestras madres

Ernesto est anthropologue auprès d'une fondation privée médico-légale: il donne un nom à des squelettes déterrés, pour les remettre à des familles en deuil. Il est des films qui arrivent à point. Nuestras Madres est de ceux-là, qui nous remet en mémoire le drame immense qu'a vécu le Guatemala lors d'une guerre civile meurtrière surtout pour les populations indigènes et qui a duré 30 ans. Le Soir écrivait: «Un bouleversant travail de mémoire.»

Ernesto assemble les squelettes déterrés dans des charniers au fur et à mesure de leur découvertes. Il est, un jour, abordé par une vieille dame venue lui demander d'enquêter dans son village et de fouiller un terrain où elle est persuadée que gisent les restes de son mari disparu à la suite d'un raid des militaires. Sur la photo qu'elle lui montre, Ernesto croit reconnaître les traits de son père, lui aussi disparu et dont sa mère ne parle jamais. Malgré sa hiérarchie et sa mère qui voudrait bien oublier, Ernesto se lance dans une recherche ...

Nuestras Madres est un film modeste, mais ce n'est pas un «petit» film, au contraire. C'est de son absence de prétention, voulue par César Díaz, que le film tire toute sa force et en même temps, sa beauté. Le réalisateur et son œuvre s'effacent devant ces femmes, ces mères et ces filles qui réclament justice et ont toutes les peines du monde à se faire entendre. Ce sont leurs quêtes des disparus qui offrent le fil dramatique du récit auxquelles s'adjoint une volonté plus personnelle d'Ernesto de savoir enfin ce qu'il est advenu de son propre père. Les images s'enchaînent créant petit à petit l'émotion qui sied à ce genre d'intrigue. Celle-ci se déroule avec pour arrière-plan la tenue d'un procès où des femmes vont être appelées à témoigner des sévices qu'elles ont subis.

En filigrane, sont alors suggérés les résistances qui s'opposent à ce que justice soit rendue: la recherche des cadavres est le fait d'initiatives privées, car les autorités voudraient bien «passer à autre chose». Le soin avec lequel sont filmées les scènes de reconstitution des squelettes nous rappelle le documentaire de Patricio Guzmán, El botón de nacár, car on retrouve ici le même travail de mémoire. Cette modestie de Nuestras Madres rend justice à la mémoire de tout un peuple.

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Commentaires

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caolin

il y a 3 ans

Tout en subtilité et humilité, César Diaz aborde l'horreur des jeux de pouvoir viriles que s'imposent les hommes en temps de guerre en donnant la parole aux femmes, trop souvent considérées comme des non-victimes. Porté par les airs candides d'Ernesto, le film nous plonge imperceptiblement dans ces vérités inaudibles tant elles sont pesantes. Le rythme est lent, mais c'est pour mieux accorder cette écoute qu'ont tant espéré ces femmes violées et violentées. Le ton est larmoyant, mais comment pourrait-il en être autrement pour ces êtres dont seul le corps semble encore en vie ?
Un film lourd, mais nécessaire.Voir plus

Dernière modification il y a 3 ans


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